Le blogue du rédac

Percé veut la première école de permaculture du Québec

Par Rémy Bourdillon le 2020/12
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Le blogue du rédac

Percé veut la première école de permaculture du Québec

Par Rémy Bourdillon le 2020/12

Les ouvertures d’école se font rares en Gaspésie, mais cela pourrait bien arriver prochainement à Val-d’Espoir, petit village situé sur le territoire de Percé, à l’intérieur des terres. Et c’est la permaculture qui serait au programme de ce nouvel établissement.

Il s’agirait en fait d’un retour vers le futur : Val-d’Espoir a déjà hébergé une école nationale d’agriculture par le passé, à partir de 1938. C’est la congrégation des Clercs de Saint-Viateur qui s’en occupait. « Ils faisaient le travail que La Pocatière fait aujourd’hui. Des gens de partout au Québec et même des Maritimes venaient étudier là », retrace l’ancien député de Gaspé Gaétan Lelièvre, qui est aujourd’hui consultant en développement régional et a réalisé l’étude de faisabilité de la future institution d’enseignement.

La centralisation des années 1960 a eu raison de l’ancienne école d’agriculture, un coup dur pour Val-d’Espoir. Il y a trois ans, nouveau choc, alors que l’école primaire a fermé à son tour. La mairesse de Percé Cathy Poirier a depuis lancé l’idée de ramener des cours d’agriculture à Val-d’Espoir, un village au potentiel certain à proximité de plusieurs attractions touristiques, et qui est désormais célèbre pour héberger la brasserie Auval.

Pas question toutefois de faire comme les autres : l’agriculture est un domaine qui a beaucoup évolué au cours des dernières années, et Val-d’Espoir veut devenir une capitale de la permaculture, un secteur émergent dans lequel il y a encore beaucoup de recherche à faire. « Le projet s’appelle « École d’agriculture innovante de Val-d’Espoir », explique Gaétan Lelièvre. Il y a quelques cours qui existent au Québec, mais aucun diplôme pour le moment. On veut prendre ce créneau. »

Trois offres de formation

Dans un premier temps, deux programmes courts seront offerts. Le premier, qui totalisera 72 heures de cours et s’étalera sur environ un mois, reprendra une formation reconnue internationalement. À ceci s’ajoutera un séminaire d’une à deux semaines qui pourrait intéresser des personnes venues en Gaspésie faire du tourisme. Sur place, on pourra loger dans l’école même (actuellement occupée par des organismes communautaires du village), voire dans l’église ou le presbytère.

À plus long terme, soit trois ans après l’ouverture, un diplôme d’études professionnelles (DEP) pourrait être dispensé par la nouvelle école.

Le projet sera présenté début 2021 aux directions régionales des ministères concernés (Agriculture, Éducation, Économie…) puis aux différents cabinets ministériels à Québec. L’embauche du coordonnateur ou de la coordinatrice devrait avoir lieu à l’été 2021, et cette personne occupera immédiatement une place de choix dans le village, puisqu’il lui sera offert de résider dans le presbytère si elle le désire. Elle aura pour mission de mettre en place le projet, afin de démarrer une production agricole au printemps 2022.

Personnes à l’avant-garde recherchées

Le choix des enseignants n’est pas arrêté, mais « des noms nous ont été proposés, déclare Gaétan Lelièvre. Dans la région, il y a des gens qui ont des compétences. L’ITA de La Pocatière nous a aussi donné des noms d’anciens étudiants qui pourraient être intéressés. »

À en croire M. Lelièvre, on recherche des profils qui suivent l’actualité et les développements du secteur : « On veut faire une veille pour voir toute l’expertise internationale qui n’existe pas encore au Québec, pour ensuite l’enseigner ici. En ce moment, la permaculture est ce qui permet d’être le plus à l’avant-garde des nouvelles techniques agricoles. » Il faudra être particulièrement efficace pour faire de l’agriculture dans une région si froide, tout au bout de la Gaspésie, alors la formation s’intéressera particulièrement aux légumes locaux, à la production en serres et aux techniques les plus novatrices d’agriculture urbaine.

« On est conscients que c’est un marché de niche, il n’y aura pas 100 étudiants en même temps », termine Gaétan Lelièvre, qui pense quand même attirer une cinquantaine d’élèves la première année, divisés en deux cohortes. L’idéal serait ensuite d’en garder certains dans le coin, où les terres sont abondantes et peu coûteuses, pour transformer l’école d’agriculture de Percé en un véritable projet d’occupation du territoire. Loin des grands centres, donc loin des magasins à grande surface qui déversent des flots d’aliments bon marché issus de l’agriculture mondialisée, la pointe de la Gaspésie est peut-être le meilleur endroit pour mener ce type d’expérience…

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