
Dans les derniers mois, de nombreuses municipalités ont fait preuve d’imagination pour permettre la distanciation physique entre les citoyen·ne·s, par exemple en élargissant des trottoirs, en peignant des cercles dans les parcs, en permettant aux commerçants d’agrandir leurs terrasses ou en aménageant de nouveaux trajets cyclables. Mesures temporaires pour limiter la propagation du coronavirus, pensait-on, mais si l’on en croit un nouveau programme lancé par le gouvernement fédéral, il faut s’attendre à ce que certaines de ces nouvelles habitudes survivent à la pandémie.
En effet, la ministre de l’Infrastructure et des collectivités Catherine McKenna vient de créer l’Initiative canadienne pour des collectivités en santé, dotée de 31 millions de dollars pour les deux prochaines années. Ce financement sera disponible pour les municipalités, les communautés autochtones et les organismes communautaires, afin de « soutenir des solutions communautaires qui répondent aux besoins occasionnés par la pandémie à court terme et à long terme », ainsi qu’on peut le lire dans un communiqué d’Infrastructure Canada.
Plus précisément, le même communiqué donne des exemples de projets qui pourraient être financés par ce programme, et ils ont tous pour objectif de limiter les contacts entre les individus : « l’espacement des places assises sur nos rues principales », « le réaménagement d’un terrain de jeux pour permettre une distance physique adéquate » ou « la création d’applications numériques qui offriraient aux résidents un accès à distance aux services municipaux ». Autre possibilité suggérée par Infrastructure Canada, « l’aménagement de voies multifonctionnelles qui permettraient aux vélos, aux scooters et aux appareils de mobilité personnelle de partager l’espace avec les piétons et les voitures ».
Aux municipalités de jouer
« L’Initiative financera des projets locaux à petite échelle », lit-on également. Il faut donc s’attendre à voir apparaître dans de nombreuses municipalités, au Bas-Saint-Laurent comme ailleurs, des réorganisations permanentes de l’espace public afin de garantir la distanciation physique même quand la pandémie sera chose du passé.
Reste à voir les choix qui seront faits. Amèneront-ils des espaces publics plus froids, par exemple avec des séparateurs de plexiglas entre les occupants d’un banc? Ou permettront-ils au contraire aux piétons et aux cyclistes de se réapproprier des artères abandonnées depuis longtemps aux voitures? La balle est dans le camp des décideurs locaux.
À l’échelle planétaire, certaines grandes villes ont déjà décidé de rendre permanents certains changements faits dans l’urgence, ainsi que nous l’explique le site Bloomberg.com : Bogotá va conserver les 80 km de pistes cyclables « d’urgence » annoncées au début de la pandémie, Londres interdit d’accès aux véhicules une vaste zone de son centre-ville, Seattle va laisser en place 32 km de ses rues piétonnes « saines et sûres »…
Le processus de présentation des demandes n’a pas encore été dévoilé par la ministre McKenna. On sait seulement que le programme sera géré par « une organisation non gouvernementale à but non lucratif, ou à un groupe d’organisations, sélectionné dans le cadre d’un processus d’appel de propositions ouvert ».