
Les accidents de voiture ont connu une baisse marquée en 2019 au Bas-Saint-Laurent, mais pas le nombre de morts, ainsi qu’a pu constater Le Mouton Noir en consultant les données complètes de la SAAQ pour l’année écoulée, mises en ligne en juillet, et en les comparant aux années précédentes.
Parmi les cinq dernières années (c’est-à-dire 2015 à 2019), 2017 a été celle qui a vu le plus de casse sur les routes de la région (6142 événements). Initiée en 2018 (avec 5754 accidents), la diminution s’est nettement confirmée en 2019, alors que « seuls » 5027 accrocs ont été relevés sur le réseau routier.
Nombre d’accidents par année au Bas-Saint-Laurent
2015 5539
2016 5462
2017 6142
2018 5754
2019 5027
Une tendance qui s’observe partout au Bas-Saint-Laurent : dans six MRC sur huit, c’est en 2019 que le nombre d’accidents a été le plus bas de toute la période 2015-2019. Même dans les deux MRC restantes (La Mitis et Témiscouata), le bilan est bon puisque 2019 se classe au deuxième rang.
Sans surprise, les villes et les axes principaux (notamment la route 132 et l’autoroute 20) concentrent le plus grand nombre des accrochages ou sorties de route. Année après année, les 24 municipalités les plus accidentogènes (sur les 114 que compte la région) totalisent autour de 80% des accidents à elles seules, avec une régularité remarquable. Et seules quatre d’entre elles ne sont pas situées sur la 132 ou la 20 : Témiscouata-sur-le-Lac (119 accidents en 2019), Dégelis (83), Pohénégamook (50) et Saint-Narcisse-de-Rimouski (32).
Saint-Fabien, le bon élève
La palme de la municipalité où les routes ont été le plus sécurisées revient à Saint-Fabien, qui a connu 50 accidents en 2015, mais seulement 21 l’an dernier. Le bilan routier s’est amélioré d’année en année (ou, au pire, a été stable) dans ce village situé en bordure de la route 132.
Nombre d’accidents par année à Saint-Fabien
2015 50
2016 41
2017 41
2018 39
2019 21
Joint au téléphone, le directeur général de Saint-Fabien, Yves Galbrand, n’était pas au courant que sa municipalité était un bon élève, et ne peut que faire des suppositions pour expliquer ces résultats. Ainsi, sur la route 132, le marquage au sol a été refait et le ministère des Transports a installé une caméra dans la côte à Gendreau, qui est la côte que l’on gravit avant d’arriver à Saint-Fabien en arrivant du Bic. Un tel dispositif peut permettre d’intervenir plus rapidement sur la route (pour la déneiger ou la fermer) en cas de mauvaises conditions hivernales.
Ailleurs à Saint-Fabien, des « radars pédagogiques » (des panneaux qui avertissent les automobilistes qui dépassent la vitesse autorisée) ont été installés, des panneaux ont été installés au milieu de la route dans certaines lignes droites pour inciter les plus pressé.e.s à ralentir, et une limite de 30 km/h a été instaurée devant l’école, note M. Galbrand.
Des accidents plus graves
Attention tout de même aux réjouissances trop rapides : bien que le nombre d’accidents diminue, la gravité de ceux-ci semble en hausse. Ainsi, le nombre de personnes accidentées (qui ont subi des blessures de légères à mortelles) au Bas-Saint-Laurent ne diminue pas aussi clairement que le nombre d’accidents : de 1124 en 2017, il est descendu à 975 en 2018 puis est remonté à 988 l’an dernier.
Quant au nombre de morts, on ne peut pas parler d’amélioration : en 2017, alors que le nombre d’accidents était à son plus haut niveau, 15 personnes ont perdu la vie sur les routes bas-laurentiennes. En 2018, 22 morts ont été enregistrées, puis 21 en 2019. Avec 33 morts sur les cinq dernières années, la route 132 est de loin la plus mortelle, près de trois fois plus que l’autoroute 20 (13 décès).
L’année 2020 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, dans la mesure où une rapide revue de presse permet de constater qu’au moins 10 personnes ont péri dans un accident de voiture depuis le début de l’année. Et la taille de plus en plus importante des véhicules sur les routes du Québec (leur poids moyen a augmenté de 18% en 20 ans, selon une enquête du Journal de Montréal) n’augure rien de bon pour le futur : d’après une étude menée par le Detroit Free Press, un piéton a deux à trois fois plus de chances de mourir de mourir dans un accident si le véhicule impliqué est un VUS ou un camion léger (pick-up). Autant dire qu’il va certainement falloir s’habituer à voir des accidents de plus en plus graves…