
LE TÉLÉTRAVAIL, GRAND GAGNANT DU CONFINEMENT
Le télétravail, issu de la révolution numérique et des progrès des technologies d’information et de communication, est largement utilisé durant la crise sanitaire de la COVID-19, tant dans le secteur public que privé. Il permet de maintenir un niveau substantiel d’activité économique et ainsi d’éviter l’effondrement. Considéré jusqu’à ce jour comme accessoire, ce mode de travail aura été mis à l’épreuve sur une base élargie. Tout au cours des mois de confinement, employeurs et employés ont pu tester les avantages et les inconvénients de cette pratique et envisager les adaptations et les ajustements qui s’avéreront nécessaires. Le télétravail doit gagner en souplesse pour constituer une véritable avancée. On est en train d’apprendre à travailler autrement.
Les premiers sondages indiquent qu’ici et ailleurs, un pourcentage élevé de télétravailleurs souhaite continuer le télétravail après la crise et plusieurs employeurs, publics et privés, déclarent désormais accorder une place significative au télétravail dans leur organisation.
Autres avantages : le travail exercé à distance réduit les déplacements pendulaires entre la résidence et le lieu de l’entreprise et contribue ainsi à diminuer la circulation automobile, à réduire les émissions de GES et à atténuer la pression sur la gestion de la mobilité urbaine.
0n va de plus en plus travailler ailleurs que dans les immeubles de bureaux, mais cela ne veut pas dire la fin du bureau. L’entreprise sera le lieu où l’on vient pour les réunions, le partage, la créativité, la stimulation.
ÉCLATEMENT DES LIEUX DE TRAVAIL ET NOUVELLE DYNAMIQUE TERRITORIALE
Le télétravail qui a pour premier mérite la possibilité d’effectuer des tâches professionnelles à distance devient un moteur de déconcentration de l’activité économique et de l’emploi. Il décloisonne les lieux de vie des personnes qui le pratiquent et génère une nouvelle géographie du travail. À deux ou trois jours de télétravail à domicile par semaine, il est désormais possible pour des travailleurs de s’établir avec leur famille dans une ville ou un village en région, à 100 ou à 150 km d’une grande ville. Allongez le temps consacré au télétravail et vous élargissez d’autant les bassins d’emplois. La concentration ne fait plus loi. Des territoires éloignés des centres pourront tirer avantage de cet éclatement des lieux de travail.
L’EXODE URBAIN ET LES FACTEURS EXPLICATIFS
Au télétravail, s’ajoutent trois autres facteurs pour expliquer l’exode des grandes villes et la nouvelle attractivité des régions : la qualité de vie, le cadre de vie et l’autonomie alimentaire. Conjugués, ces facteurs viennent amplifier le mouvement de reconquête des villes et villages en région dans la perspective, chez plusieurs, de vivre autrement.
Chez plusieurs, la grande ville ne fait plus rêver. Le phénomène d’exode urbain a fait perdre 178 067 personnes à Montréal dans des échanges interrégionaux entre 2010 et 2019, dont 27 890 pour la seule année 2018-2019. À Québec, sans être négatifs, les soldes migratoires sont faibles : une moyenne annuelle de 582 pour la même période.
Les couronnes périurbaines et les régions voisines de Montréal et de Québec (Montérégie, Lanaudière, Les Laurentides, les MRC de Charlevoix et de Bellechasse) sont largement bénéficiaires de ces mouvements de population, mais pas exclusivement. Les régions intermédiaires et éloignées tirent aussi profit de cet exode qui frappe les grands centres. Les écarts entre entrants et sortants ont ici une évolution variable, mais généralement positive. Quatre des huit régions-ressources parviennent même à renverser la tendance négative du début des années 2000 et trois autres enregistrent de réels progrès.
Longtemps terre d’exode, plusieurs régions deviennent des terres d’accueil et laissent entrevoir des perspectives d’avenir prometteuses qui devraient recevoir une attention plus grande de la part des chercheurs et des décideurs publics.
Activités économiques immatérielles, télétravail, déconcentration, qualité de vie, environnement, autonomie alimentaire, villes petites et moyennes et ruralité peuvent être réunis dans de multiples combinaisons pour une mosaïque reconfigurée de l’occupation du territoire. Les villes moyennes et les chefs-lieux des MRC sont appelés à devenir les pôles de la « nouvelle géographie » économique et sociale du Québec habité hors des agglomérations métropolitaines.
Il y a désormais une alternative à la grande ville. L’aménagement du territoire devra en tenir compte.