Le blogue du rédac

À Sainte-Blandine, « pas assez d’informations » sur le redécoupage électoral

Par Rémy Bourdillon le 2020/06
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À Sainte-Blandine, « pas assez d’informations » sur le redécoupage électoral

Par Rémy Bourdillon le 2020/06

Écrasées de soleil, les rues de Sainte-Blandine seraient silencieuses en ce lundi 15 juin, si ce n’était de la sono qui joue à fond dans la cour de l’école. Non loin de là, quatre voisins sont réunis pour travailler dans une plate-bande fleurie. Le projet de redécoupage électoral de la Ville de Rimouski semble bien loin de leurs préoccupations. « On n’a pas assez d’informations, dit le seul homme du groupe, Jean-Guy, les mains dans la terre. On écoute les nouvelles et on n’entend rien passer. »

Assise sur la galerie, Sylvie dit avoir été mise au courant la veille, par le biais d’une vidéo faite par une citoyenne de Rimouski devenue virale sur les réseaux sociaux. Avant cela, malgré les avis publics publiés dans le journal L’Avantage, elle ignorait tout de cette démarche. Elle se questionne d’ailleurs sur la pertinence de cette dernière : « La covid, ça fait passer bien des choses, soupire-t-elle. Il aurait fallu une rencontre avec notre conseiller municipal, mais c’est interdit en ce moment. » Elle ne pense toutefois pas écrire à la greffière pour s’opposer, disant « ne pas être à l’aise avec internet ».

Sainte-Blandine, ancien village qui a fusionné avec Rimouski avec 2002, sera le district le plus affecté si le redécoupage est effectué tel que proposé par l’administration municipale pour équilibrer les populations des différents quartiers. Celle de la localité située sur la route 232 passera de 2188 à 3652 personnes, soit une hausse de près de 67%. Son nouveau territoire ira jusqu’à l’autoroute 20, entre le pont de la rivière Rimouski et la montée Industrielle-et-Commerciale. 

Autre résidente de Sainte-Blandine, Julie St-Pierre reçoit L’Avantage, mais l’avis public expliquant la future carte électorale lui a complètement échappé – il était placé entre les petites annonces et les avis de décès dans l’édition du 3 juin. Elle ne savait donc pas que le district dans lequel elle vote va être considérablement agrandi lorsque Le Mouton Noir est passé dans sa rue.

Une fois mise au courant, cette femme qui s’implique dans la vie de son village dit qu’elle aurait tendance à être opposée. « Ce que j’entends souvent, c’est que Sainte-Blandine n’est plus aussi dynamique qu’avant la fusion. Pour plusieurs activités, comme la piscine, il faut aller en ville. La ruche d’art qu’on a ouverte sous la bibliothèque [un espace où les citoyens peuvent aller pratiquer des activités artistiques] est une grande fierté, car niveau culture, on n’a pas grand-chose ici. Notre conseiller municipal est très actif, mais parfois il est essoufflé… Si en plus on doit avoir une population plus grande, c’est inquiétant. » 

Pas de problème de communication, selon le conseiller municipal 

Au téléphone, ledit conseiller, Dave Dumas, ne semble pas inquiet d’avoir à couvrir une telle superficie. Il ne pense pas non plus qu’il y a un problème de communication relativement au redécoupage dans sa communauté : « L’équipe de la Ville l’a publicisé dans le journal L’Avantage, M. Parent en a parlé dans tous ses points de presse. C’est accessible via le site web de la Ville. Et quand des citoyens m’ont interpellé, j’ai pu transmettre des informations à ce sujet. » Dans les derniers jours, ils étaient d’ailleurs nombreux à lui demander des précisions sur le groupe Facebook destiné aux résidents du village. La disparition du nom actuel de Sainte-Blandine/Mont-Lebel et son remplacement par un numéro étaient au centre des préoccupations.

« Ce n’est vraiment pas le moment idéal pour faire des consultations, concède M. Dumas, mais l’année prochaine c’est les élections et on est déjà en retard. » Selon lui, une exemption pourrait être envisagée afin que Sainte-Blandine conserve ses limites actuelles, comme cela a été fait par le passé – la Commission de la représentation électorale du Québec précise que « les districts doivent représenter des communautés naturelles établies ». Mais le conseiller ajoute qu’« on est dans une ville, et il faut penser aux autres quartiers. » 

Lundi soir, le maire Marc Parent a annoncé que le nombre de 245 oppositions au redécoupage avait finalement été atteint, ce qui signifie qu’une consultation écrite sera organisée. M. Parent a toutefois noté qu’il avait fallu un certain temps pour dépasser ce seuil, preuve selon lui qu’il n’y a pas de « grogne » dans la population.

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