
Le député de la circonscription fédérale Rimouski-Neigette–Témiscouata–Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas, juge que les généreux programmes d’aide attribués par Ottawa sont « inefficaces » pour les entreprises du secteur touristique du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. En effet, ceux-ci se basent souvent sur une perte de revenus par rapport à la période pré-covid-19, or un grand nombre d’établissements de l’Est-du-Québec n’étaient pas ouverts à ce moment-là – 60% des entreprises ne travaillent que durant la saison estivale, d’après le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Lévesque.
Dans ce contexte, impossible de se qualifier pour les deux programmes phares du gouvernement Trudeau que sont la subvention salariale d’urgence et l’aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial. Dans le premier cas, il faut démontrer avoir perdu 30% de ses revenus mensuels; dans le second, c’est 70%. « Mardi, un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante affirmait que seulement une entreprise sur 10 allait être admissibles à ce programme [pour les loyers commerciaux], déclare M. Blanchette-Joncas en entrevue au Mouton Noir. C’est complètement inadéquat, et pas assez flexible pour que les entreprises de l’industrie touristique puissent y avoir accès. »
Le tourisme est une compétence largement provinciale, rappelle celui qui est porte-parole du Bloc québécois de ce secteur d’activité – la ministre provinciale, Caroline Proulx, a promis début mai qu’il y aurait bien une saison touristique, et doit préparer des guides sanitaires pour la reprise. Mais le gouvernement fédéral doit envoyer un message fort, poursuit l’élu : « C’est important de leur dire que si leur saison n’est pas telle que souhaitée, ils seront quand même capables de passer à travers et revenir en force l’année prochaine. »
« Présentement, ce qu’on constate du gouvernement, c’est qu’il met en place un plan, il voit que ça ne fonctionne pas bien, puis il rajoute un autre plan pour palier les ratés du premier… Or, il faut un plan flexible. Ce que demandent les entreprises, c’est d’avoir du soutien pour les coûts fixes. Qu’on soit une coop de location de kayaks ou un hôtel de luxe, on doit payer un loyer ou une hypothèque, des assurances, l’électricité… »
Des travailleurs également menacés
Certaines craintes émergent également concernant les employés. D’une part, le député rimouskois juge que la prestation canadienne d’urgence pour les étudiants n’est « pas un incitatif pour réintégrer le marché du travail » et pourrait compliquer le recrutement. D’autre part, les travailleurs qui reçoivent la prestation canadienne d’urgence seront-ils admissibles à l’assurance emploi, autre élément essentiel pour la viabilité d’une industrie saisonnière comme le tourisme? « On a posé cette question au gouvernement, on n’a pas de réponse jusqu’à maintenant. »
Deux bonnes nouvelles quand même, cette semaine : vendredi 15 mai, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il prolongeait la subvention salariale jusqu’à la fin août et qu’il reverrait le seuil d’admissibilité, ce qui pourrait inclure des entreprises touristiques de la région. Auparavant, mardi, il avait présenté un fonds d’aide et de relance régionale de 211 millions $ pour les PME du Québec n’étant pas admissible aux autres mesures d’aide déjà en place. Maxime Blanchette-Joncas espère « que cette nouvelle enveloppe puisse correspondre aux besoins des entreprises touristiques, qui sont un peu passées dans les craques du système avant ça ».
Le gâteau risque toutefois de ne pas être bien gros, étant donné le nombre de convives. Le Bas Saint-Laurent reçoit un million de visiteurs chaque année, ce qui représente 7800 emplois dans 850 entreprises réparties sur tout le territoire, et 345 millions $ de retombées, selon Tourisme Bas-Saint-Laurent.