Exclusivité Web

« Fab Région » : le pari d’un Bas-Saint-Laurent plus autonome

Par Rémy Bourdillon le 2020/05
Image
Exclusivité Web

« Fab Région » : le pari d’un Bas-Saint-Laurent plus autonome

Par Rémy Bourdillon le 2020/05

Un Bas-Saint-Laurent qui produit 50% de son alimentation, de son énergie et de ses biens manufacturés… on en est loin aujourd’hui, mais c’est l’objectif que se fixe pour 2054 le Living Lab en innovation ouverte (LLio), un centre de recherche du cégep de Rivière-du-Loup. Il vient de recevoir 360 000 $ du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada (CRSNG) et du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) pour mener à bien ce projet.

En se lançant dans une telle aventure, le Bas-Saint-Laurent va devenir la première Fab Région au Canada. Ce concept découle directement de celui des Fab Cities, lancé à Barcelone en 2011, dont font partie des villes comme Paris, Boston ou Santiago du Chili… Le préfixe « fab » vient des « fablabs », ces lieux de partage de technologies dans lesquels les citoyens peuvent se rencontrer et créer localement les objets dont ils ont besoin, et qui sont venus à tisser un réseau. Mais chez nous, le côté techno ne sera pas mis de l’avant et c’est plutôt la finalité (soit la recherche de davantage d’autonomie) qui guidera les actions : « On veut faire l’inverse des autres Fab Cities ou Fab Régions, c’est-à-dire partir de nos besoins et non des outils dont on dispose », explique le chargé de projet Steve Joncoux.

« Pour avoir une idée de la hauteur de la marche » à gravir pour atteindre 50% d’autonomie dans les secteurs énergétiques, alimentaires et manufacturiers, il faut d’abord faire le bilan de ce qu’on produit actuellement, explique ce chercheur en développement régional à l’Université du Québec à Rimouski. Pour améliorer ce ratio, on pourra s’appuyer sur toutes des nombreuses initiatives en faveur de l’autonomie qui sont éparpillées partout sur le territoire bas-laurentien.

Participation citoyenne attendue

Bref, la Fab Région tentera de coordonner les forces vives afin qu’elles aillent dans le même sens. Sur son comité de pilotage, on trouvera aussi bien des élus que des organismes comme le Conseil régional de l’environnement et la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent, et des citoyens (au nombre de quatre).

Hugo Latulippe fera partie de ces derniers. Il a découvert l’initiative de Fab Région alors qu’il était candidat du NPD aux dernières élections fédérales. « J’avais promis que si j’étais élu, j’irais porter ce projet au parlement du Canada au nom des citoyens d’ici. » Ça n’a pas marché, mais le documentariste y croit encore dur comme fer, car il veut que le Bas-Saint-Laurent devienne « une région au-devant de son temps ». L’horizon 2054 est un compromis entre ceux qui, comme lui, voudraient que ça aille plus vite (urgence climatique oblige) et ceux qui se disent plus réalistes. « C’est un premier pas vers un modèle d’autonomie. Avec la mondialisation, on n’a jamais vraiment réfléchi de cette façon, à l’échelle de la région ou même du pays. Il faut commencer à le faire. » 

Les prochaines étapes seront déployées à l’automne. « On veut organiser régulièrement des ateliers de travail, des forums ouverts, dit Steve Joncoux. On prévoit faire une grande rencontre en octobre où on va inviter toute la population qui est motivée à venir participer ». Déjà, un document en ligne circule pour tous ceux qui voudraient rejoindre la « communauté Fab Région ».

Partager l'article

Image

Voir l'article précédent

Jours difficiles à l’aéroport de Mont-Joli

Image

Voir l'article suivant

Télétravail, ange et démon