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Musée, architecture et public

Par Francine Périnet le 2020/03
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Musée, architecture et public

Par Francine Périnet le 2020/03

À travers le temps, le musée en tant qu’institution culturelle a pris plus d’une forme et son architecture a toujours exercé une influence sur la perception des visiteurs. Le public reconnaît bien, même quelquefois inconsciemment, le rapport entre la forme d’un bâtiment et ses fonctions. Ainsi, une église, une école ou une prison possèdent des caractéristiques particulières qui par leur architecture spécifique reflètent une histoire, des valeurs et des usages.

La réunion d’objets précieux est un phénomène vieux de milliers d’années : je cite ici les tombeaux des pharaons d’Égypte, les trésors royaux ou les cryptes médiévales et, plus près de nous, les cabinets de curiosités. Toutes ces pratiques sont à l’origine du musée, mais plutôt que cachées et divertissantes, les collections muséales se veulent publiques et les œuvres et les artéfacts sont présentés dans le but d’assurer la pérennité de la collection fondatrice et de l’institution. L’objet dans cet espace muséal est séparé de son contexte d’origine, il est présenté dans un environnement contrôlé, situé hors du quotidien dans un espace de consécration où il acquiert un statut particulier.

Historiquement, l’église et le musée choisissent d’isoler les membres de leur communauté des distractions extérieures dans un espace créé pour mettre en valeur leur raison d’être. Il va sans dire que ce facteur d’isolement est depuis longtemps critiqué tant par les critiques que par les artistes et le public. L’architecture muséale d’aujourd’hui est de plus en plus transparente et offre une circulation plus poreuse entre l’espace intérieur et extérieur de l’institution. C’est évidemment une prise de position pour souligner les liens entre les pratiques et leurs contextes.

À l’époque des cabinets de curiosités, la collection présentée se voulait divertissante. Au fil des ans, le musée du XIXe siècle a confiné l’œuvre dans un lieu protégé, exclusif ouvrant une perspective sur un objet en perte de sens dans un espace où le spectateur ne pouvait qu’assumer un rôle passif.

Tout au cours du XXe siècle, les contraintes combinées d’une mise en scène des œuvres, d’un parcours imposé au visiteur et d’une architecture rigide ont contribué à un questionnement tant sur la mission et le travail du musée que sur la pratique artistique et le rôle du public.

Le 24 juin 1972, le Musée régional de Rimouski ouvrait ses portes en réponse à la demande de la communauté. Il s’accommoda le mieux possible d’une ancienne église construite entre 1823 et 1824 qui, au cours de son histoire, servit aussi de couvent et d’école. Cette architecture, associée d’emblée à l’espace sacré, commande le respect et s’impose comme musée.

Depuis quelques années, l’organisme se questionne sur son rapport à la communauté et sur la configuration de ses espaces publics. Il compose avec toutes les approches possibles selon les propos des œuvres et il évalue les moyens dont il dispose pour concrétiser son engagement dans l’espace social. Il se peut que l’idée la plus controversée de ce débat soit que le Musée agisse comme un catalyseur et participe au renouvellement d’une pratique artistique. Pour ce faire, il est essentiel de repenser l’architecture du Musée, les liens qu’il entretient avec les œuvres et leur environnement, et l’engagement du public. Voilà la vision du Musée régional de Rimouski. 

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