Art & Création

Les falaises, une quête de soi

Par Tina Laphengphratheng le 2020/03
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Art & Création

Les falaises, une quête de soi

Par Tina Laphengphratheng le 2020/03


Les falaises
, premier roman de Virginie DeChamplain, précipite le lecteur dans une quête identitaire à travers laquelle la complexité de l’être humain est brillamment illustrée.

À la suite du décès de sa mère, V. doit retourner dans sa maison natale en Gaspésie. Pour vider les lieux, elle s’installe sur une « île » au milieu du salon. Dans le sous-sol, elle trouve de vieux carnets écrits par sa grand-mère dans lesquels elle plonge. La quête intérieure de V. s’inscrit ainsi dans celle qui perdure depuis des générations : « Je cherche ma mère ma grand-mère ma galaxie de femmes. Éparpillées dans le monde, j’essaie de les retracer. » Sa génération de femmes qui s’enfuient pour toujours revenir. Là, entre les quatre murs qui l’ont vue grandir.

Dans une prose poétique empreinte de beauté, Virginie DeChamplain nous fait voyager. « Ma mère aimait ça, partir. Elle aimait partir le plus loin possible. Toujours plus loin, Ça la rassurait, trouver le chaos ailleurs. S’assurer qu’on existe encore à l’autre bout du monde. » En même temps, le texte nous fait redécouvrir la Gaspésie, belle et bordée par le fleuve sauvage. Le fleuve qui a avalé sa mère. Le fleuve qui nourrit la fougue des femmes de sa lignée. « J’attends les grandes marées. J’attends qu’elles tombent et qu’elles vous calment. J’attends que vous soyez tous au lit pour sortir dans la nuit, ouvrir grand les bras dans la tempête et hurler mon nom dans le vent », écrit sa grand-mère.

Illuminée de passages épistolaires et de poèmes, l’œuvre nous amène ailleurs pour mieux réfléchir. « Comment on fait pour s’évader, quand on est déjà à l’autre bout du monde ». Le roman nous fait découvrir que, parfois, les réponses ne sont pas dans les décalages horaires, mais dans les décalages du cœur.

Les falaises nous amène au bord du précipice et, juste au moment où on croit tomber, on s’arrête pour contempler ce que l’horizon nous offre.

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