À la fin du mois d’août, le gouvernement du Québec a tenu, sans tambour ni trompette, une commission parlementaire sur l’avenir des médias d’information. Pour être plus précis, ce sont surtout les médias écrits qui vivent des moments difficiles, voire catastrophiques pour certains. Le problème est simple, les publicitaires fuient les journaux au profit des grandes plateformes numériques appelées GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon).
Évidemment, la crise touche les grands médias comme Le Devoir ou même les quotidiens de Péladeau, mais la preuve que ce sont les petits journaux régionaux qui sont sur le respirateur artificiel qui écopent le plus, la commission d’étude a tenu des audiences à Matane et à Rouyn-Noranda. Partout le constat est le même : le gouvernement du Québec doit agir! Idéalement, on réussirait à convaincre les petits publicitaires (actuels ou nouveaux) de retourner vers la presse écrite. Ce serait sans doute peine perdue compte tenu de la concurrence déloyale qu’exerce GAFA. Les prix de ces géants sont imbattables. Ça va de soi quand on n’a pas de frais d’impression, de distribution et une main-d’œuvre réduite et multi-tâche.
Les journaux régionaux sont les principales sources d’information pour les communautés excentrées. La fermeture d’un seul d’entre eux provoque un déficit démocratique pour les populations souvent plus isolées. Bien que l’information Web soit aussi disponible, rien n’égalera un journaliste qui vit dans sa communauté et qui comprend ses besoins. De plus, les lectrices et les lecteurs sont toujours perdants quand un journal s’éteint. C’est de la pluralité des sources d’information que naît une opinion bien éclairée.
Un pansement sur la plaie
Il faut cependant avouer que le gouvernement de la CAQ a réagi rapidement lors de la commission. Cette dernière n’avait même pas terminé ses audiences que Québec annonçait une aide substantielle de plusieurs millions pour aider la presse écrite. Non seulement les subventions au fonctionnement seront augmentées, mais des fonds d’urgence ont aussi été mis en place. Est-ce que ce sera suffisant? S’agit-il de fonds récurrents? Impossible de le dire pour le moment.
Une autre solution serait que le gouvernement respecte la loi en attribuant un certain pourcentage (entre 2 et 5 %) de ses budgets publicitaires annuels aux médias écrits. Mais depuis plusieurs années, c’est plutôt moins d’un pour cent qui est disponible. Heureusement, la situation a été mise en lumière lors des audiences de la commission sur l’avenir des médias et le gouvernement a demandé des explications à ses différents ministères.
Que la population se lève!
Même si le gouvernement intervient pour stabiliser la situation, rien ne prouve qu’un futur nouveau gouvernement maintiendrait le même niveau d’aide publique. Ce qui aiderait beaucoup, c’est que la population en général, les lectrices et les lecteurs mettent l’épaule à la roue. Au Mouton Noir par exemple, nous recevons quantités de félicitations et autres marques d’amour de notre lectorat. Mais seule une minuscule quantité de ces gens s’abonnent, font des dons, participent à nos activités de financement ou encore donnent de leur temps pour la cause. Notre conseil d’administration ne compte que cinq membres, soit deux de moins que le prévoient nos statuts et règlements. Avec le temps, nous avons aussi perdu plusieurs bénévoles dans nos comités (révisions des textes, distributions du journal, etc.). Quelle en est la raison? Difficile à dire.
Alors, si vous aimez vos journaux régionaux, n’attendez pas qu’ils trépassent faute d’argent ou de ressources humaines… Levez-vous et dites-leur que vous les aimez, mais surtout investissez dans leur survie!