
Lorsque l’art fait réagir, il joue son rôle. On ne peut que se réjouir de voir notre paysage urbain se diversifier et nous offrir d’autres points de vue artistiques. La multiplication d’œuvres de même facture ou la mise à l’avant plan d’un artiste en particulier dans une même ville crée une homogénéité qui va à l’encontre de sa diversité. Rimouski est une ville ouverte sur le monde. Avec la mise en place de sa politique d’art public la Ville reconnait l’importance de la culture comme moteur de développement, au même titre que Québec ou Montréal.
En choisissant une œuvre du duo Mesnard-Demers dans le cadre de son premier concours d’art public, la Ville fait preuve d’audace et de perspicacité. Elle souligne ainsi la qualité du travail de ces deux artistes montantes de l’art contemporain qui connaissent un rayonnement grandissant. Dans cette perspective, en appliquant rigoureusement sa politique d’art public, on peut croire que Rimouski saura, à moyen terme se positionner sur l’échiquier national et international de ce domaine. Pour ce faire elle devra avoir le courage de ses ambitions et respecter, lors de ses prochaines acquisitions, le processus rigoureux de sélection qu’elle a mis en place pour ce premier concours et avoir recours aux experts régionaux en la matière pour la guider. À long terme la Ville n’en sera que plus inspirante.
L’art n’a pas pour seule fonction d’être « beau ». Il peut susciter la curiosité ou stimuler la réflexion. Il peut aussi provoquer des émotions telles que la joie, la colère, le désir, le dégoût, l’apaisement, la peine et plusieurs autres. Les artistes contemporains sont souvent incompris de leur vivant. Van Gogh, Turner ou Pollock n’ont pas été à l’abri de cette incompréhension. Comme agente à l’éducation et à l’action culturelle au Musée régional de Rimouski, je suis à même de constater l’importance de la médiation dans l’appréciation de l’art contemporain pour la majorité des gens. La médiation permet d’expliquer les œuvres. Elle contribue à une meilleure compréhension et à une appréciation plus juste. Mais au-delà de la médiation, l’ouverture et la curiosité du public jouent un rôle essentiel. Il faut cultiver cette ouverture et cette curiosité en offrant au public des occasions de le faire. L’art public joue ce rôle. Je souhaite donc longue vie à notre politique d’art public afin que des œuvres variées se déploient sur notre territoire.
Évidemment, afin d’assurer le rayonnement des œuvres présentées, il est essentiel que la Ville mette en place tous les moyens nécessaires à leur compréhension. Ainsi, pour l’œuvre Le Bon Élan des artistes Fanny Mesnard et Isabelle Demers, différents moyens pourraient être mis de l’avant : inauguration officielle festive avec rencontre des créatrices, mise en place de panneaux informatifs décrivant l’œuvre et offrant des liens web pour plus d’informations et visites commentées auprès du public et élèves des écoles à proximité. Merci à la Ville de veiller à nous offrir un art public ouvert et diversifié. Qu’on l’aime ou pas, c’est réjouissant !