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Une police, un Costco, pis l’environnement

Par Fred Dubé le 2019/01
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Une police, un Costco, pis l’environnement

Par Fred Dubé le 2019/01

Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.

— Bossuet

Sérieusement, levez la main, ceux et celles qui croient que le maire de Rimouski adoptera une posture assez radicale pour amorcer une vraie transition énergétique? Pour ma part, je suis présentement assis sur mes deux mains.

Cet ancien agent de la GRC, qui toute sa vie a eu pour mission de protéger l’ordre et de conserver la paix, fera preuve d’audace? Sera progressiste? Ébranlera les institutions politiques qu’il a protégées toute sa vie? Mettra les menottes au réchauffement pour excès de vitesse? Tirera du gun dans les airs pour faire la guerre au changement climatique? Cet ancien bras armé de l’État se retournera contre l’État néolibéral? Si vous pensez que oui, vous n’êtes pas optimistes, vous êtes complètement barjot.

Justement, on pouvait lire dans le journal L’Avantage : « Le maire de Rimouski, Marc Parent, affirme que l’arrivée hypothétique d’une grande surface de type Costco permettrait des revenus de taxes de près de 300 000 $ qui pourraient servir à la mise en valeur de la ville ». Dans le monde irréel des drogués à la croissance, on peut ouvrir un Costco tout en protégeant l’environnement. Comme un Justin Trudeau qui nous vend des pipelines pour mieux prendre soin de la nature. Notre ripou de maire reste fidèle à ses convictions d’agent de l’ordre : protéger la propriété privée, le Capital et la bourgeoisie. Un policier aux commandes de l’Hôtel de Ville est aussi inquiétant que Paul Cagelet juge à La Voix Junior.

À propos du Costco, notre constable rajoute : « On peut facilement penser que des résidents du Nouveau-Brunswick, de la Gaspésie, de la Côte-Nord décideront de venir faire un tour à Rimouski. Les visiteurs qui viennent dépenser à Rimouski ne le font pas seulement dans les magasins à grande surface, mais dans les autres commerces avoisinants. » C’est un ciboire de beau projet de société ça : attirer des consommateurs aliénés avec un Costco pour ensuite espérer que leur chemin de Compostelle de la surconsommation apocalyptique les conduira à boire un café au A&W, dîner au McDo, souper au Subway, pis dépenser leur dernier centime au Walmart, s’ils n’ont pas trouvé toutes les ordures en plastique dont ils n’ont pas besoin. Voilà une superbe idée qui fera entrer Rimouski dans le XXI e siècle : du tourisme consumériste! Tant qu’à avoir l’environnement aussi à cœur, pourquoi ne pas leur prêter un skidoo? Ils pourront consommer plus rapidement et aller faire peur aux granos dans le parking de la Coop Alina. On constate qu’avoir une bonne idée pour la flicaille, ça s’arrête à dormir avec un fusil chargé sous l’oreiller.

En matière de honte, un Costco à Rimouski serait l’équivalent du troisième lien pour Québec. Les touristes, moindrement plus intelligents qu’un morceau de baloney, viendront nous visiter pour se foutre de notre gueule. « Venez voir Rimouski, cette ville qui a signé et adopté à l’unanimité la Déclaration d’urgence climatique, mais qui ouvre un Costco! Lancez-leur des peanuts! Ils en raffolent. » Pour l’avenir de l’humanité, on est censé valoriser le commerce de proximité et le transport en commun : deux choses aux antipodes de la philosophie Costco et de son parc automodébile. C’est facile de calmer une bande de citoyens déroutés en signant des déclarations, des accords, en témoignant de façon émotive, la larme à l’œil de crocodile et le trémolo dans le gorgoton, que « l’environnement, c’est tellement important ». Ok, pis après? Fuck all! Émotionnellement à gauche, mais factuellement, crissement à droite.

Début novembre, lorsqu’avec une centaine de citoyens et de citoyennes, nous sommes allés faire pression sur les élus à l’hôtel de ville pour qu’ils adoptent la Déclaration, les dernières paroles du maire furent d’un paternalisme et d’un mépris patents : « J’espère que vous retournerez à la maison en covoiturage. Faut que les bottines suivent les babines. » Wow. Voici un autre conseil écologique : mangez un char de marde. C’est full bio. Personnellement, ceux et celles qui me font triper, c’est la centaine de citoyennes et de citoyens allumés qui étaient présents ce soir-là. Vous êtes l’avenir!

« Le système capitaliste est mortifère. Il est à la base des crises écologiques et psychologiques qui gangrènent l’humanité. » Voilà ce que devraient nous répéter nos élus. Mais non. L’élite dirigeante veut conserver ce système et adopter des « solutions » techniques qui ne bouleverseront rien. Arrêtez de me parler d’environnement bande d’hypocrites de fieffés margoulins. Je me fous de vos bons mots sur l’environnement, c’est une manière de contourner le problème avec une aura engagée. C’est quand vous parlez d’économie qu’on peut voir vos vraies positions environnementales.

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