Politique

Voulez-vous ben arrêter d’vous chamailler! Moman est tannée là!

Par Pierre Landry le 2018/11
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Voulez-vous ben arrêter d’vous chamailler! Moman est tannée là!

Par Pierre Landry le 2018/11

Trente-trois pour cent. C’est ce que je retiens de la dernière élection. Trente-trois pour cent des Québécois et des Québécoises qui se sont rendus aux urnes ont voté pour un parti qui prône l’indépendance. Et cela sans compter les brebis égarées qui ont préféré un vote stratégique orienté vers la CAQ pour s’assurer que la bande à Couillard morde bel et bien la poussière. On pourrait s’éterniser sur la descente aux enfers du Parti québécois, on pourrait épiloguer longuement sur le phénoménal bond en avant de Québec solidaire. Et il demeure évident qu’à bien des égards, il serait éminemment souhaitable que ces deux formations en viennent un jour à dialoguer et à envisager une voie commune. Mais pour l’instant, la plaie est trop vive chez les uns, le glaive de la victoire trop acéré chez les autres. Avec le temps…

Ce qui demeure fascinant et enthousiasmant d’autre part dans cette ascension de Québec solidaire, c’est de voir enfin quelque chose grouiller au sein de la jeunesse du Québec, de constater que cette historique mobilisation du Printemps érable n’était peut-être pas un feu de paille. Et n’oubliez pas qu’en 2012, le son des bottes des étudiants sur les pavés s’est rapidement doublé d’un impressionnant tintamarre de casseroles dont les échos avaient bien peu à voir avec une hausse des frais de scolarité. Québec solidaire peut à juste titre se bomber le torse d’être ainsi parvenu à mobiliser sa base. Mais il ne faudrait pas oublier non plus que ces exécrables baby-boomers ont tout de même déjà tenté l’aventure sans gagner le combat, eux qui à l’époque formaient une cohorte de jeunes beaucoup plus importante que celle d’aujourd’hui. Le constat est manifeste : le projet d’une société plus juste, écoresponsable, et se déployant sous l’égide d’un Québec souverain devra rallier une majorité pour se faire. Sans unité, pas de victoire possible.

Mais voilà qu’une fenêtre d’opportunité s’ouvrira très bientôt qui pourrait permettre aux forces vives du Québec de faire front commun et de s’imposer d’une voix forte et unifiée. Sur la scène fédérale, après la vague orange qui a balayé la province en 2011, après un vote pour Justin Trudeau en 2015 dont le but premier était de mettre un terme à l’ère Harper, la conjoncture s’avère bien différente pour 2019. Le NPD semble avoir regagné la zone d’ombre qui a toujours été la sienne au Québec avant le phénomène Layton, et son aura environnementaliste souffre durement de la posture irréconciliable d’une Rachel Notley. Justin Trudeau a énormément déçu pour les multiples raisons qu’on connaît et son penchant pétrolier porte un dur coup à sa crédibilité et à l’appétence des jeunes pour son parti. Peu reconnu pour son penchant écologiste, le Parti conservateur se fracture depuis le départ d’un Maxime Bernier qui part en campagne sous un nouvel étendard. Bref, non seulement aucun de ces partis n’est en mesure de proposer un plan d’action crédible pour contrer la catastrophe environnementale qui sévit déjà, mais aucune de ces formations ne peut prétendre faire l’unanimité au Québec. Sur cet échiquier où notre avenir se joue, le Bloc québécois pourrait retrouver son lustre et sa pertinence d’antan, endosser pleinement la lutte contre les changements climatiques, rallier les troupes et porter un vilain coup de Jarnac à ceux qui prédisaient sa mort. Dans cette perspective d’une division du vote, si trente-trois pour cent des électeurs et des électrices du Québec votaient pour le Bloc, la présence québécoise à Ottawa serait de l’ordre de celle qu’on a connue dans les plus beaux moments de notre affirmation nationale.

Un vieux parti, diront les sceptiques? Vaut mieux être un vieux parti qu’un jeune demeuré. Les jeunes, jetez du lest! Les vieux, ouvrez les vannes! Après l’à-plat-ventrisme d’un Philippe Couillard qui n’a jamais connu son pareil dans notre histoire récente, et dans la foulée de l’élection d’un François Legault qui ne se montrera peut-être pas aussi conciliant, j’imagine une pléiade de jeunes gens allumés et de vétérans aguerris faire front commun en route pour Ottawa. C’est uniquement dans l’unité que nous avons une chance de gagner ce double combat : l’indépendance du Québec, et une planète viable.

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