
L’agriculture urbaine est de plus en plus populaire et se développe de différentes façons, ce qui illustre bien son caractère multifonctionnel. Bien que 53 % de la population québécoise possède un jardin ou participe à un jardin1, il faut comprendre que l’agriculture urbaine dépasse le fait d’avoir un potager personnel. En fait, l’agriculture urbaine se définit par la culture de plantes ou l’élevage d’animaux dans un périmètre urbain à des fins personnelles, communautaires ou commerciales, et prend toutes sortes de formes : jardins potagers, toits verts, aménagements comestibles, apiculture, poulaillers urbains, aquaponie, fermes urbaines, etc.
Au-delà du geste de jardiner, l’agriculture urbaine est un mouvement citoyen de réappropriation de l’espace public. Cette approche s’inscrit dans le système alimentaire de proximité, qui inclut des composantes comme la production, la transformation, la distribution, la consommation et la gestion des matières résiduelles (voir image).
Depuis la publication de la Stratégie de soutien de l’agriculture urbaine du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) en 2016, on assiste à un mouvement de reconnaissance et de valorisation de cette pratique, notamment par le milieu municipal.
Une pratique qui ne date pas d’hier
L’agriculture urbaine existe depuis toujours : les villes et les villages se sont d’abord organisés autour des champs et des élevages afin de permettre la subsistance des communautés. Ici même, à Rimouski, la ferme des sœurs du Saint-Rosaire jouait un rôle important dans la communauté sur le plan alimentaire. Dans cette ferme de 600 acres, on trouvait entre autres des légumes et des fruits, des ruchers, des poulaillers, des serres, une bergerie, un élevage bovin. Les sœurs cultivaient pour répondre à leurs besoins alimentaires, vendaient une partie des récoltes et donnaient leurs surplus aux démunis2. Depuis 1991, les terres occupées par la ferme ont presque été entièrement vendues et ont perdu leur vocation agricole. Toutefois, on y retrouve encore quelques espaces dédiés à des jardins résidentiels, collectifs et communautaires, dont le jardin de la Cédrière de l’UQAR ou celui de l’immeuble La Roseraie de l’Office municipal d’habitation de Rimouski.
D’ailleurs, de plus en plus d’initiatives d’agriculture urbaine apparaissent, portées par la population et appuyées par des municipalités. Il n’y a qu’à penser au mouvement des Incroyables comestibles auquel la Ville de Rimouski contribue en fournissant des bacs de culture et en permettant leur installation dans des lieux publics. Nous pouvons également penser au verger communautaire de Saint-Narcisse situé en plein cœur du village. Les exemples ne manquent pas et tous les secteurs d’activités (municipal, communautaire, éducatif, réseau de la santé ou entreprises privées) sont au rendez-vous lorsqu’il s’agit de contribuer au développement de l’agriculture urbaine.
Le rêve d’une MRC nourricière
Depuis près d’un an, différents événements, portés par la Table en saine alimentation pour tous du CISSS et par COSMOSS Rimouski-Neigette4, ont permis la mobilisation et la réflexion autour du concept de MRC nourricière.
Une MRC nourricière favorise l’accès à une saine alimentation pour tous, à des coûts environnementaux, sociaux et monétaires acceptables. Pour ce faire, la MRC porte une vision intégrée du système alimentaire en agissant sur les cinq composantes précédemment nommées. Une MRC nourricière ne fait pas que prendre en compte les activités agricoles, elle les valorise tant en milieux urbain, périurbain que rural en cherchant à développer davantage de liens et d’entraide entre les acteurs des différents secteurs d’activités. En ce sens, l’agriculture urbaine complète l’agriculture rurale, et cette complémentarité est valorisée.
Un plan d’agriculture urbaine
C’est grâce au projet de MRC nourricière que l’ensemble des municipalités a appuyé la demande de projet pilote pour la réalisation d’un plan d’agriculture urbaine dans Rimouski-Neigette3. Le projet a obtenu une aide financière de 34 800 $ du MAPAQ dans le cadre du Programme d’appui au développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire en région.
De l’automne 2018 jusqu’à l’été 2019, une grande démarche de consultation et de mobilisation se déroulera dans l’ensemble des municipalités de la MRC afin de coconstruire un portrait-diagnostic de l’agriculture urbaine et un plan d’action permettant son développement. Une équipe intersectorielle, composée de représentants de la MRC, de la Ville de Rimouski, du MAPAQ, de COSMOSS, du CISSS et d’un représentant rural, s’affaire depuis plusieurs semaines à mettre en place cette démarche à laquelle nous vous invitons à participer en grand nombre.
1. Forum sur l’agriculture urbaine organisé par la Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec, 28 février 2018.
2. Guillaume Chevrette, Si Rimouski m’était contée : Saint-Rosaire (court-métrage disponible sur YouTube); Patrimoine immatériel religieux du Québec, La ferme des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire pour la survie et le développement de la Congrégation et Les corvées de fruits et légumes chez les Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire, www.ipir.ulaval.ca/
3. Appel de projet du MAPAQ dans le cadre de la Stratégie de soutien de l’agriculture urbaine.
4. Au Bas-Saint-Laurent, des partenaires multisectoriels, réunis sous l’acronyme COSMOSS (Communauté Ouverte et Solidaire pour un Monde Outillé, Scolarisé et en Santé), unissent leurs forces pour améliorer la santé et le bien-être des jeunes, de leur conception jusqu’à 30 ans.