
Le premier Marathon de la création s’est déroulé à Trois-Pistoles du 25 au 27 juillet dernier sous la houlette de Soraïda Caron, chorégraphe, professeure et directrice de la compagnie Mars elle danse, épaulée par son comité organisateur : Isabelle Moffet, Seb Rioux, Guy Mongrain et Guillaume Aubertin. L’événement, parrainé par Les Amis de l’Art de la Maison du Notaire et porté par les acteurs de Trois-Pistoles, est vite devenu le projet d’une communauté : deux jours de résidence interdisciplinaire menés tambour battant et animés par cinq artistes professionnels auxquels un tirage au sort avait attribué cinq lieux partenaires-diffuseurs. Résultat : cinq œuvres de haut calibre sur le thème de la rencontre des genres.
Ainsi, Stéphanie Beaudoin, à grand renfort de gants blancs et de coquillages, a-t-elle bouclé à la Forge à Bérubé une résidence en danse-théâtre entamée à Honolulu. Sara-Amélie Bellavance, qui pilotait un rallye, a ensuite guidé les participants de sa voix forte et enveloppante vers le quai, sorte de « pèlerinage, où l’on marche ensemble vers une performance, un artiste, un projet, dans un but commun », explique Soraïda Caron, pour admirer les toiles de Laurence Belzile, au rythme de la lecture de son journal de création. Toujours conduit par Sara-Amélie, le cortège, composé de locaux, d’étudiants de l’École d’immersion française, de papas, de mamans, de poussettes, a remonté la côte sous les auspices de la Lune, pleine, ronde et rousse, qu’on semblait pouvoir étreindre une fois arrivés en haut de la rue Jean-Rioux. Destination : le Centre-femmes Catherine-Leblond et la présentation vidéo de Cynthia Naggar, qui offrait un verre en guise de bienvenue aux participants se prêtant au jeu de l’interaction. Ensuite, dans la vitrine du deuxième étage de la Cantine D’Amours, Xavier Sénéchal a livré une performance de musique métal « coup de poing », précise Soraïda Caron, portée par un magnifique texte sur les genres : « Je veux pleurer comme un homme, être puissant comme une femme, violer les normes, pis accueillir les larmes. Je ne veux plus que mon corps dicte l’allure de mes peines. » Dernière étape : La Maison du Notaire. Annie Landreville y a fait revivre dans une langue tout en poésie l’histoire de l’endroit et de ses habitants en revêtant de multiples couches, textures et couleurs un mannequin paré d’un arrosoir rouge en guise de chapeau et recouvert, à la fin de la prestation, d’un tulle noir évoquant la mort de l’âme de ces femmes alors privées de voix, le tout au rythme d’une bande sonore préenregistrée. Le rallye s’est terminé au parc de l’Église, sur la musique du DJ Jérôme Forget.
Bref, pari tenu pour Soraïda Caron qui souhaitait démystifier le concept de résidence d’artiste, voir rayonner différents lieux, assurer un réseautage culturel, dynamiser le centre-ville par l’art et faire reconnaître Trois-Pistoles comme théâtre de création incontournable. Quatre-vingts personnes ont participé à l’événement : une réussite qui débouche sur de nouvelles collaborations.
Un deuxième opus se déroulera l’été prochain, aux mêmes dates, histoire d’implanter une tradition, avec des artistes du Bas-Saint-Laurent, ou peut-être de la Gaspésie, de la Côte-Nord ou des Chaudière-Appalaches, l’objectif étant que des professionnels de toutes les régions puissent prendre part au Marathon de la création.
Qui a dit qu’il ne se passait rien hors des grands centres?