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Cinq ans de Fruits Partagés… et du vent dans les voiles !

Par Mathieu Boyd le 2018/07
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Cinq ans de Fruits Partagés… et du vent dans les voiles !

Par Mathieu Boyd le 2018/07

Le fait est connu mais mérite d’être rappelé : « Bien que la quantité d’aliments produite dans le monde soit largement suffisante pour que chacun puisse manger à sa faim, 815 millions de personnes sont sous-alimentées1. » Même si ce problème ne peut uniquement être attribué au gaspillage alimentaire, c’est tout de même près d’« un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humaine dans le monde qui est perdu ou gaspillé » chaque année. Comme dans les autres pays industrialisés, au Canada, ces pertes avoisineraient les 40 % pendant qu’un million de ménages canadiens et 8 % de ménages québécois se trouvent en situation d’insécurité alimentaire2.

Fait moins connu, on estime que le tiers des pertes se produit avant même que les aliments quittent la ferme. Les raisons de ce « gaspillage à la source » sont multiples et variées : les denrées peuvent être laissées au champ parce qu’elles ne se conforment pas aux standards des industries de la transformation et de la distribution (esthétique, poids, calibre), parce que la fluctuation du prix des aliments sur les marchés mondiaux rend une récolte non rentable ou encore en raison d’une « surproduction planifiée » visant à pallier les risques de mauvaises récoltes. Chez les particuliers qui ont un jardin ou qui cultivent des espèces fruitières, les pertes peuvent survenir lorsque la production excède les besoins ou les capacités de récolte… ou tout simplement pour cause de vacances estivales.

C’est dans le but de valoriser les denrées alimentaires perdues à ce stade initial de la chaîne agroalimentaire et de permettre l’accès à des fruits et légumes frais et locaux (souvent plus dispendieux) pour les personnes à faible revenu que Les Fruits Partagés furent mis sur pied en 2014 à l’initiative de Moisson Rimouski-Neigette. Le projet entame sa cinquième année d’activité : un moment opportun pour dresser un bilan et élaborer des perspectives d’avenir.

Une tendance internationale adaptée au territoire rimouskois

Depuis une dizaine d’années, les initiatives de cueillette des arbres fruitiers en milieu urbain se multiplient dans les villes nord-américaines et européennes. À Paris, à Seattle, à Toronto ou à Rimouski!, la formule est habituellement la même : des cueilleurs bénévoles sont jumelés à des producteurs ou à des propriétaires d’arbres fruitiers. Les récoltes qui résultent de ces jumelages sont séparées en parts égales entre les cueilleurs, les propriétaires et un organisme œuvrant en sécurité alimentaire.

Dans le cas des Fruits Partagés, c’est Moisson Rimouski-Neigette qui assure la redistribution des récoltes auprès des personnes en situation de précarité. Dans une volonté d’adapter le projet au territoire à la fois urbain et rural de la MRC (et à la présence de nombreux producteurs agricoles sur ce territoire), les bénévoles des Fruits Partagés pratiquent le glanage chez les agriculteurs en plus de cueillir des fruits chez les particuliers. En échange de leur générosité, les producteurs agricoles participant aux projets reçoivent un crédit d’impôt.

Une réception enthousiaste et des récoltes abondantes

Depuis sa première année d’activité, Les Fruits Partagés ont fait l’objet d’une réception enthousiaste de la part de la population rimouskoise comme en témoigne un bassin de bénévoles particulièrement abondant et motivé. Au fil des ans, le nombre de producteurs et de propriétaires partenaires du projet a connu une croissance constante si bien que ce sont environ 25 000 livres de fruits et de légumes qui ont été récoltés en 2017. Inspirées par ces réussites, des initiatives similaires sont actuellement en germination dans plusieurs MRC du Bas-Saint-Laurent.

Perspectives et défis

Dans les années à venir, Les Fruits Partagés espèrent continuer d’augmenter la quantité de fruits et de légumes récupérés au bénéfice des usagers de Moisson Rimouski-Neigette. Pour ce faire, de nouveaux partenariats avec des propriétaires et producteurs devront être établis.

L’augmentation des volumes récoltés implique un défi logistique : le transport rapide et l’entreposage adéquat des récoltes supplémentaires qui devront être redistribuées promptement en raison de leur caractère périssable. En réponse à cet enjeu, l’acquisition d’équipements de transformation et de conservation prolongera la durée de conservation des denrées, ce qui permettra par le fait même aux usagers de Moisson Rimouski-Neigette d’en bénéficier pendant une plus longue période de l’année.

Finalement, pour assurer sa pérennité, le projet devra voir à la consolidation de son financement. En ce sens, différentes options sont évaluées dans le but d’augmenter la part de financement autonome, dont la possibilité de développer un volet d’économie sociale.

1. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

2. Recyc-Québec, Statistique Canada et Institut national de santé publique du Québec

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