Non classé

Québec suicidaire

Par Pierre Landry le 2018/05
Non classé

Québec suicidaire

Par Pierre Landry le 2018/05

«Vincent mit le bœuf dans un champ et s’en vint dans l’autre. »

Ainsi Vincent Marissal s’afficherait désormais comme un indépendantiste de gauche, un jusqu’au-boutiste qui, selon le programme du parti qu’il a choisi, serait favorable à la « nationalisation partielle du système bancaire », au « remplacement de l’a priori de l’intégralité territoriale du Québec », et qui conviendrait de « placer l’industrie minière et la grande industrie forestière sous contrôle public, incluant au besoin la nationalisation complète ». Pas mal pour un ancien scribe de l’empire Desmarais et pour quelqu’un qui a cherché jusqu’à tout récemment à s’accrocher à la mamelle de Justin Trudeau!

Ainsi Martine Ouellet se présenterait comme la guide suprême de la libération nationale, la Jeanne d’Arc québécoise, unique détentrice de la vérité et ultime exégète de la stratégie qui permettra de bouter les Anglais hors de la patrie et de mener à l’indépendance du Québec, quitte pour ce faire à se retrouver seule aux commandes de son radeau de la Méduse, inspirée par cette Liberté guidant le peuple du peintre Delacroix, son drapeau déployé à bout de bras, seins nus, véritable femen avant la lettre.

Si nous étions à la lointaine époque où le RIN bourgeonnait dans son coin et où et le FLQ semblait une véritable menace, si nous nous trouvions à une période plus récente encore où le PQ commençait à prendre du gallon et faisait craindre le pire aux bonzes du Capital et du fédéralisme, entretenant chez ces mêmes une paranoïa qui justifiait à leurs yeux l’utilisation de tous les moyens pour contrer ces forces qui grondaient dans l’ensemble du Québec, si nous étions donc à ce tournant historique où tout aurait pu basculer, nous pourrions soupçonner quelque velléité sournoise du style mandataires de la GRC ou du Service canadien du renseignement invités à infiltrer un certain nombre d’instances pour chercher à faire dérailler le train en affichant leurs positions extrémistes au sein de ces mêmes instances, mais nous n’en sommes plus là, ne n’y sommes-nous non pas?

Non, il semble que l’auto-atomisation est bien réelle et consentante, et que nous sommes en mesure nous-mêmes, comme des grands, sans l’aide de personne, de procéder à notre propre autodafé comme peuple, à notre propre extinction, un suicide collectif volontaire, imparable, qui fera peu à peu de nous une entité insipide diluée dans le Grand Tout postmoderne et postnational si cher à ce même Trudeau fils, héritier d’un père qui ne nous aimait pas tellement lui non plus et qui lui aura si bien tracé la voie. Tout comme le capitalisme effréné actuel induit la disparition des espèces et une attaque sans précédent contre la biodiversité, le mouvement est en marche depuis bien longtemps qui cherche à tout niveler et à couper les têtes qui dépassent. On n’a qu’à penser aux Amérindiens, aux Aztèques, aux Incas pour ce qui est des seules Amériques. Parlez-en aussi aux Basques, aux Catalans, aux Bretons ou aux Corses. Mais ce qui demeure consternant ici, c’est cet acharnement à nous morceler nous-mêmes, à chercher à créer sans relâche et avec une assiduité constante toutes les conditions favorables à la fragmentation et à la parcellisation. Si bien que les tenants de la machiavélique stratégie du « diviser pour régner » se flattent la bedaine et sont morts de rire en contemplant ce peuple qui « fait la job tout seul » en s’ingéniant ainsi à se diviser lui-même pour ne pas régner.

Et pendant qu’on célèbre les quelque quinze années à peine interrompues au pouvoir des troupes successives de Jean Charest et de Philippe Couillard, on n’entend curieusement plus du tout parler de l’enquête Mâchurer. Se peut-il qu’elle se soit transformée en enquête Mâchouillée et que la pauvre ruminante n’accouche un jour que d’un vulgaire pet mouillé? Et, dans un autre ordre d’idées, mais puisque les élections sont dans l’air : si l’on peut dire que tout ce qui traîne se salit, imaginer l’état du voile islamique au lendemain du premier octobre prochain !

Partager l'article

Image

Voir l'article précédent

Feu vert ou feu rouge?

Voir l'article suivant

Bilinguisme au travail : menace ou opportunité?