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Feu vert ou feu rouge?

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Feu vert ou feu rouge?

La voiture est aujourd’hui le pilier de la mobilité dans les pays développés : elle est à l’origine de 93 % des kilomètres parcourus en milieu urbain et de 83 % en milieu rural. Le parc automobile mondial compte aujourd’hui plus d’un milliard de voitures, et ce nombre risque de doubler d’ici 2025.

Le modèle de la voiture à essence est aujourd’hui remis en question en raison des changements climatiques et de la hausse du prix du pétrole. La crise de l’automobile n’est pas seulement industrielle, elle est aussi environnementale, sociétale et idéologique. Dans un tel contexte, nombreux sont ceux qui présentent la voiture électrique comme « un grand gisement de réduction des émissions de CO2 ». D’autres, à l’inverse, la voient comme une échappatoire. Mais l’engouement pour les véhicules électriques est-il réellement légitime?

Vraiment verte, la voiture électrique?

Certains experts en énergie pointent du doigt la forte empreinte écologique qui résulte de la source de l’électricité employée pour propulser un véhicule : tant que la production d’électricité n’est pas « décarbonnée », c’est-à-dire affranchie de la dépendance au charbon, le modèle électrique ne restera qu’un semblant de progrès environnemental.

Comme on le sait, les énergies renouvelables engendrent beaucoup moins de gaz à effet de serre que, par exemple, le charbon. Au Québec, l’énergie produite est propre à 99 % et l’hydroélectricité représente 94 % de cette production, l’autre partie émane surtout de l’éolien, en somme deux énergies vertes parmi les moins polluantes. Notre empreinte carbone est donc très faible. Dans ces conditions, l’utilisation de la voiture électrique au Québec serait avantageuse sur le plan environnemental par rapport à la voiture conventionnelle.

Cependant, plusieurs pays utilisent encore massivement le charbon ou le gaz naturel pour produire de l’électricité, des sources extrêmement polluantes. Dans ces cas, la voiture électrique est aussi, sinon plus polluante que la voiture conventionnelle. Une voiture roulant à l’électricité qui vient du charbon produit trois fois plus de CO2 qu’une voiture hydroélectrique et 1,5 fois plus qu’une voiture qui roule au pétrole! (voir la figure) Malgré ces chiffres, penser que la voiture électrique a une empreinte environnementale nulle soulage le citoyen plus ou moins informé, fait prospérer les constructeurs automobiles et fait élire des parlementaires qui prônent la voiture électrique à tout prix.

Par ailleurs, la production d’une batterie au lithium, nécessaire à la voiture électrique, contribue à la moitié de l’impact écologique de la fabrication de ces véhicules. L’extraction du lithium ne compte que pour 2,3 % de la production de gaz à effet de serre. Les composantes les plus polluantes sont l’aluminium et le cuivre en raison de la pollution engendrée lors de leur extraction. Malgré tout, une utilisation à long terme vient contrebalancer ce coût environnemental.

Durée de vie

Une fois construite, la voiture électrique est beaucoup plus résistante et la durée de vie de sa batterie est plus élevée que celle d’un moteur de voiture conventionnelle. Cette longévité suggère un renouvellement des infrastructures automobiles (stations-service, réseaux de distribution, etc.) et l’adaptation d’une industrie qui, pour prospérer, ne veut pas du modèle électrique. La longue durée de vie et les moindres coûts de maintenance par rapport à la voiture à essence ne participent pas de l’obsolescence programmée, mais ne favorisent pas les emplois de garagistes, lesquels devront être formés pour maîtriser une autre technologie. Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi la voiture électrique n’est pas activement défendue par l’industrie de l’automobile…

La transition vers des moyens de transport carboneutres doit être un processus qui inclut certes l’électrification de la voiture, mais avant toute chose, il s’agit de rendre les voitures plus légères, compactes et surtout moins nombreuses! Aujourd’hui, la plupart des automobilistes ne parcourent pas plus de 50 km par jour, ce qui ne justifie certainement pas l’ampleur du parc automobile mondial actuel. De plus, cette distance de 50 km ne dépasse pas l’autonomie de la voiture électrique, autonomie que l’on qualifie pourtant souvent d’insuffisante. Sans compter que la longévité d’une voiture électrique est six fois supérieure à sa compétitrice à essence!

Le grand hic avec la voiture électrique reste aujourd’hui la production d’électricité qui n’est pas encore « décarbonnée » à l’échelle mondiale et la fabrication des batteries associée à un coût environnemental relativement élevé. Au Québec en revanche, vu la production énergétique « décarbonnée » et surabondante, et comme les transports comptent pour la plus grande part des émissions de GES, la province serait prête à supporter un parc automobile électrifié. Le Québec pourrait même se présenter comme la « terre de gloire » de la voiture électrique de demain. S’attaquer à l’électrification de ce secteur de notre économie serait une manière fort efficace de réduire nos émissions de GES.

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