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Forages pétroliers dans les cours d’eau

Par Martin Bouchard le 2018/03
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Forages pétroliers dans les cours d’eau

Par Martin Bouchard le 2018/03

Je m’intéresse depuis longtemps aux problématiques environnementales et, depuis que les libéraux sont au pouvoir, autant au provincial qu’au fédéral, le dossier des hydrocarbures m’inquiète particulièrement. Je fais partie des dizaines de milliers de personnes impliquées de différentes manières et des centaines de groupes environnementaux qui se mobilisent et se démènent pour faire entendre raison à ceux qui détiennent le pouvoir et qui veulent « décider pour nous » de ce qui leur « semble » notre bien à tous.

Les groupes citoyens n’ont pas eu le temps de célébrer bien longtemps leurs plus récentes victoires (entre autres exemples, l’arrêt définitif des forages à Anticosti et l’abandon du projet d’oléoduc Énergie-Est de TransCanada) que le gouvernement du Québec revient à la charge en annonçant son intention de bientôt permettre l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures directement dans les lacs et les rivières, cela en déposant quatre projets de règlements de mise en œuvre. Quel aveuglement! D’autres préféreront dire trahison. Pourtant, la Loi sur les hydrocarbures, massivement critiquée et quand même adoptée sous le bâillon en décembre 2016, ne devait-elle pas avoir des visées opposées, c’est-à-dire orientées vers la protection? Mais bon! Y a-t-il de quoi s’étonner d’une pareille contradiction, lorsque l’on considère la puissante influence des lobbyistes, qui corrompt l’objectivité de l’institution parlementaire? De plus, il est bien difficile de demeurer loyal à ses électeurs lorsqu’on en doit une « couple » au scintillant veau d’or. Ainsi, comme le veut ce qui est devenu une tradition, ce gouvernement nous a encore dit une chose pour faire son plus parfait contraire, malgré les déclarations récentes du ministre Moreau, cherchant à calmer les vives réactions des opposants.

À tous les députés de l’opposition, je viens aujourd’hui demander avec insistance de convaincre vos caucus de mettre tout leur poids pour contrer cette erreur monumentale qui ouvrirait toute grande la porte aux entreprises pétrolières et gazières, leur permettant en toute légalité de causer des dommages irréparables à l’environnement, et plus particulièrement à cette ressource vitale et irremplaçable qu’est notre eau potable. L’effort de chacun ne suffira peut-être pas, à moins que la partisanerie ne soit mise de côté et que tous les partis d’opposition acceptent de faire corps. Il faudra profiter des conditions idéales qu’offre la réouverture de la session parlementaire pour talonner le gouvernement sur ce sujet précis et ne pas lâcher jusqu’à l’obtention d’un recul substantiel, et même d’un abandon complet. Car si ce dossier se règle à la satisfaction du ministre, la décriée Loi sur les hydrocarbures entrera aussitôt en vigueur et il sera trop tard pour renverser la vapeur. La société civile ne peut se permettre de subir un échec dans ce combat déterminant pour son avenir. Des centaines de foreuses attendent avidement d’être libérées de leurs chaînes pour trouver les beaux gros « nonosses » cachés un peu partout sous nos pieds.

L’occasion serait également parfaite pour exiger une interdiction immédiate et complète de la fracturation hydraulique, la plus pernicieuse des techniques d’extraction, comme cela a largement été démontré. La clairvoyance la plus élémentaire le dicte. Par ailleurs, à moyen et à long terme, il faudra impérativement presser les libéraux de mettre en place un véritable plan de sortie de la filière pétrolière et gazière au Québec. Toutefois, afin de favoriser une transition énergétique et économique sans « cassure », je reconnais qu’il serait opportun de l’étaler sur quelques années, mais en maintenant une main de fer sur l’échéancier.

Pour un nombre sans cesse grandissant de concitoyens, il y a une évidence criante que pareils règlements mettent dangereusement nos eaux en péril, c’est pourquoi on doit s’y opposer à tout prix à chaque tentative d’adoption. Cette menace imminente devrait même passer en tête des priorités et avoir préséance sur les autres points du programme politique de vos chefs, quitte à devoir abaisser d’un rang les priorités qui vous occupent déjà… à temps plein… Car lorsque l’eau devient empoisonnée, c’est le début de la fin. Les recherches scientifiques les plus avancées rappellent régulièrement que nous frôlons le point de rupture. Il n’y a plus que les fous pour nier cette réalité. C’est maintenant qu’il faut mater cette frénésie pétrolière autodestructrice. Ensemble, on le peut!

En vous saluant, il m’apparaît utile de mentionner que vos électeurs sont si profondément préoccupés par ce dérapage mercantile et irresponsable du gouvernement libéral que cela pèsera certainement lourd dans la balance des votes aux prochaines élections. Comprenne qui pourra…

D’innombrables Québécois et Québécoises espèrent pouvoir compter sur votre implication, qui est éminemment importante.

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