
Depuis que le gouvernement Trudeau a pris le pouvoir à l’automne 2015, avec comme promesse phare de légaliser le cannabis, le sujet est sur toutes les lèvres. La légalisation suscite plusieurs craintes quant aux répercussions que la consommation de cannabis pourrait avoir sur la santé. Bien que légitimes, ces craintes découlent en grande partie d’un manque flagrant d’éducation, mais aussi d’une machine de propagande bien huilée qui, depuis plusieurs décennies, s’active à démoniser cette plante aux mille vertus. C’est ce contexte qui m’a mené à l’idée de créer un festival du cannabis qui mettra de l’avant l’éducation relative à tout ce qui entoure cette plante. Verra également bientôt le jour un projet de documentaire qui aura pour mission de démystifier les enjeux liés à la légalisation du cannabis.
On peut se demander ce qu’un activiste comme moi vient faire sur le terrain du cannabis. Les gens me connaissent surtout pour mon militantisme environnemental, mais la légalisation du cannabis fut la première cause pour laquelle j’ai milité au milieu des années 1990. Un été passé en Colombie-Britannique m’avait ouvert les yeux sur une culture « souterraine » à peu près inexistante au Québec. Vancouver est considérée comme le Amsterdam d’Amérique du Nord. On y trouve depuis plusieurs années des coffee shops où il est possible de vapoter. À cette époque, mon militantisme s’est limité à donner des conférences et des ateliers à mes collègues du cégep en abordant l’absurdité de criminaliser la consommation de cannabis et en présentant les nombreuses vertus de la plante pour la santé de la planète.
Les années 2000 sous le règne du gouvernement Harper ont fini par anéantir chez plusieurs tout espoir de légalisation. Mais la situation est maintenant tout autre : nous sommes à la veille de vivre une petite révolution verte qui suscite bien des questions, mais qui présente également des opportunités. Comme avec le marché des microbrasseries et des microdistilleries, il serait bien de voir un modèle décentralisé qui pourrait bénéficier davantage aux régions.
Malheureusement, un jeu de coulisse politique fait en sorte de favoriser quelques gros joueurs au détriment d’une répartition plus équitable de la production. Le projet de loi canadien est loin d’être parfait, mais il est tout de même supérieur à ce que nous ont offert les parlementaires québécois.
Comme plusieurs environnementalistes, j’ai souvent fait face aux critiques de ceux qui nous voient comme les « bloqueux » de projets. J’ai cependant toujours eu le souci de montrer que les environnementalistes ne font pas que s’opposer aux projets destructeurs, mais sont capables de développer des projets alternatifs. L’Échofête, festival environnemental, s’inscrivait dans cette démarche et plaçait l’éducation au centre de sa mission. L’idée de mettre sur pied le premier festival du cannabis m’est donc apparue tout naturellement et est une façon pour moi de joindre l’utile à l’agréable.
En rencontrant Shantal Arroyo et Mike Sandev de la clinique la Croix verte à Montréal, j’ai été à même de constater le travail incroyable qu’ils accomplissent pour aider leurs patients aux prises avec des problèmes de santé. Nous entendons surtout parler du côté récréatif de la plante, toutefois son potentiel le plus intéressant réside dans ses vertus médicinales. Cet aspect sera d’ailleurs au cœur du documentaire en élaboration.
Ces projets de festival et de documentaire sont une suite logique à mon cheminement personnel et professionnel. Redonner ses lettres de noblesse à une plante qui pendant trop longtemps a été à tort stigmatisée, voilà ce à quoi je souhaite contribuer.