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La lettre qui fait mal… ou pas

Par Marc Simard 2 le 2017/07
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La lettre qui fait mal… ou pas

Par Marc Simard 2 le 2017/07

Fiston, Filou, mon Félix, tu as maintenant 18 ans. Je vais donc te parler comme à un adulte. Je te laisse une planète à l’agonie. Les dirigeants autant politiques qu’économiques y sont pour beaucoup. Certains experts croient qu’il est trop tard pour renverser la vapeur et sauvegarder ce qu’il reste des plans d’eau, des forêts et de la couche d’ozone. Ça fait longtemps qu’on nous met en garde. Quand j’avais ton âge, il y avait déjà un immense trou dans la couche d’ozone qui commençait à réchauffer le climat. Mais ma génération blâmait la précédente, les baby-boomers. Tu dois déjà savoir que c’est toujours plus facile d’accuser les autres… Mais ça ne fait avancer aucune cause.

Je te laisse aussi un système politique désuet qui encourage la corruption. Un système qui se prétend démocratique, mais qui donne la parole aux citoyens une fois tous les quatre ans uniquement. Des politiciens qui troquent le bien commun, la justice sociale et l’égalité pour des valeurs individualistes.

Sur le plan international, c’est une époque dangereuse. Le bras de fer entre les États-Unis et la Corée du Nord risque de se terminer par un conflit nucléaire. Les attentats fusent de toute part. Le racisme est systémique et le sexisme est érigé en doctrine.

Et l’économie? Rien n’a changé depuis des lustres. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres s’appauvrissent.

Je t’offre ici toutes mes excuses pour l’état du monde que je te lègue. Je tente d’apporter ma modeste contribution et je ne suis pas le seul, mais nous sommes trop peu nombreux.

Mais tu sais quoi, fils?

J’ai confiance en toi et en ta génération, les fameux milléniaux. À en croire les médias de masse, vous êtes paresseux, exigeants et individualistes. Je n’en crois rien. Je t’ai vu grandir avec cette flamme dans les yeux. Celle qui veut protéger les plus faibles, défoncer les murs, changer les paradigmes pour agir d’une façon différente de la nôtre. Je suis convaincu que vous réussirez là où on a échoué. Vous changerez le monde à votre façon… Sans doute que nos méthodes de militantisme ont fait leur temps. Avec votre maîtrise des réseaux sociaux et des communications, vous arriverez à mieux en moins de temps. Vous boudez la politique et ce n’est pas une mauvaise chose si vous voulez changer la donne. Peut-être que les politiciens seront obligés de modifier leurs comportements pour attirer votre attention.

Je suis si fier de voir l’homme que tu es devenu.

Comme tu le sais trop bien, j’ai eu de la difficulté avec l’idée que tu deviennes policier comme tu as choisi de le faire. Mes valeurs anarchistes, socialistes ont été ébranlées. ACAB disent plusieurs (All cops are bastards). Mais aujourd’hui, avec le recul, je comprends ton choix. Tu veux défendre les gens, les aider. Tu souhaites une société juste. Tu veux travailler à améliorer le sort des déshérités. Au final… nous ne sommes pas si différents et nous lutterons pour les mêmes causes. Je t’aime, mon homme!

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