Cynique : Qui avoue avec insolence une conduite contraire aux conventions sociales
– Le Larousse
Cynique : Être mordant et sans pudeur, comme les chiens
– Diogène
J’ai été invité à participer à une table ronde devant public par l’Institut du Nouveau Monde en compagnie de Maïtée Labrecque-Saganash et Paul St-Pierre Plamondon. Le thème : « S’engager politiquement autrement ». Comme toujours Maïtée, militante autochtone, fut inspirante. Alors que Paul, eh bien, il a fait son Ti-Paul. Cet ancien « orphelin politique », maintenant adopté par le PQ, a fondé à l’époque le groupe Génération d’idées (on les cherche encore) avec notre tarte du Patrimoine canadien Mélanie Joly. Évidemment, fidèle à ma nature d’humoriste, j’ai taquiné le saumon, comparant le PLQ, la CAQ et le PQ à un chien à trois têtes, ironisant que peu importe la tête que tu flattes, c’est la même queue qui branle. Ti-Paul a sursauté! Défendant le cerbère, il a professé le fameux mot d’ordre du politicien carriériste : « Ne soyons pas cyniques! » Là, j’avoue, j’ai éclaté de rire.
Ciboire, Paul, as-tu raté le match à la télé? Même si le peuple est en avantage numérique, on se fait torcher le cul. Ne pas être cynique, c’est espérer que les choses changent à l’intérieur de ce système, c’est croire que ceux qui nous ont floués, crossés, dépossédés trouvent les solutions. Oui, je suis cynique!
Cynique face aux vieux politiciens outrés par Gabriel Nadeau-Dubois qui dénonce la trahison des élites politiques. Les inégalités sociales, la crise écologique, la corruption, les portes tournantes, la mafia, le Petit Prince et le renard font dire que le mot « trahison » est un euphémisme.
Je suis cynique face aux empires médiatiques Bell Média, Québecor, Gesca et TC Media. Ces djihadistes de la désinformation explosent nos têtes. Pierre Bruneau est un homme dangereux, Richard Latendresse, un petit garçon perdu à Washington, Paul Larocque, un bonhomme tout droit sorti de la Cage aux sports, et j’en passe. Cynique face à l’extrême droite, cet oiseau de malheur, qui a fait son nid dans les radios-poubelles de Québec. Ces hommes n’ont pas seulement du sang sur les mains, mais de la pisse dans les yeux, pis une fosse septique dans la bouche. Denise Bombardier fait ses chroniques à Radio X à partir de son condo en Floride, d’où elle se permet de chier sur la gauche québécoise. La preuve qu’on peut être raffinée, mais crissement vulgaire. Cynique face à Radio-Canada, qui joue la même game que les médias privés, préférant les cotes d’écoute à la pertinence. Radio-Canada, qui devrait nous offrir une réponse puissante devant la désinformation et la propagande de droite, se sécurise politiquement dans l’extrême centre, socialement dans le statu quo et médiatiquement dans la médiocrité. Si la grande tour de Radio-Canada est brune, c’est parce qu’elle est pleine de marde.
Ces têtes d’œufs déguisées en journalistes n’ont qu’un seul but : normaliser l’injustice et la violence capitaliste. Sous le couvert des mots « nuance » et « objectivité », ils ne font que reconduire un monde inhumain, nous laissant croire qu’on ne peut rien changer ou, au mieux, être des gestionnaires de cette réalité. Chaque bulletin d’information se termine avec le même slogan tacite : « C’est ça qui est ça, c’tu veux faire! ».
Dans votre monde, l’économie se résume au pouvoir d’achat, la société, à des individus en compétition, l’environnement, à une marchandise, l’être humain, à un contribuable et la démocratie, à voter comme un analphabète signe son nom.
Je suis cynique face à la police. Le bras armé de l’État. La police ne défend pas la justice, elle protège un système injuste, elle défend la propriété privée, les bourgeois et la hiérarchie. La job de la police rétrograde est de mater les progressistes. À l’époque, William Sullivan, directeur adjoint au FBI, recommande ceci à propos de Martin Luther King : « Il faut le marquer, si ce n’est déjà fait, comme le nègre le plus dangereux de la nation. »
Soyons cyniques, camarades, face aux laquais du pouvoir, aux marionnettes à long nez, aux carriéristes médiocres, à ceux qui oublient la poésie quand ils parlent de politique, aux artistes qui voulaient changer le monde et qui ont finalement changé de char, aux boss à grosses gosses, à la mafia libérale, à la police pleine de pisse, aux péquistes courageux dans l’opposition, à ceux qui violent Dame Nature avec leurs gros pipelines bandés de pétrole, aux médias qui préfèrent les clics au journalisme, et à nous-mêmes qui sommes un peu tout ça dans notre cœur d’enfant aux mitaines trop grandes.