
Lenny Patry, Stéphanie Dupont-Pineau, Jérémie Gagnon Borcsa, Jason Imbeault, Mireille Plante Rossignol, Toomy Fournier Brisson, Mélanie Frédéric, Alexandre Guerette-Côté, Sarah Lévesque, Amélie Desjardins, Brandon Bédard,Jonathan et Claudie
Je raccroche est la seule école de rue de l’Est-du-Québec. Chapeautée par un organisme communautaire rimouskois, cette école sert de tremplin aux jeunes de 16 à 30 ans qui veulent faire un retour aux études tout en développant leurs habiletés sociales. À la mi-novembre, une dizaine de ces jeunes sont allés à Québec représenter la région lors d’une consultation jeunesse. Durant deux jours, les participants ont abordé différents thèmes autour de la réussite éducative dans l’objectif de faire des recommandations au ministre de l’Éducation. Malgré cette initiative, les étudiants, principaux acteurs du système d’éducation, ont-ils réellement leur place dans la prise de décisions? Selon nous, il est nécessaire que, dès le primaire, nous nous impliquions consciemment pour notre réussite. Plusieurs aspects sont essentiels pour maximiser notre potentiel : d’une part, créer un environnement stimulant, d’autre part nous impliquer activement dans le système établi pour prendre position et prendre le pouvoir qui nous revient. De plus, malgré que plusieurs personnes croient encore que le système scolaire québécois est adéquat, nous prouverons qu’il est impératif d’effectuer des changements majeurs pour enfin avoir un système efficace qui respecte les besoins des jeunes.
Premièrement, chacun de nous a la responsabilité de créer LE milieu scolaire le plus stimulant, mais le modèle actuel laisse peu de place à l’apprenant, et nous devons renverser ce modèle et prendre notre place au même titre que les autres. Par exemple, en tant que jeunes, nous constatons qu’avant 9 h, l’activité cérébrale se fait difficile, et ce, même si la matière abordée est intéressante! Les professeurs sont aussi en mesure de constater qu’à ce moment de la journée, aucun étudiant n’est réellement présent mentalement1. Nous pensons que rendre les horaires plus flexibles pourrait être bénéfique pour tous. Par exemple, commencer les cours à 10 h au lieu de 8 h permettrait d’être plus aptes à recevoir la matière et ainsi de mieux l’assimiler. Quand il est question du désir d’apprendre, avouons-le, des murs beiges et l’éclairage au néon ne sont pas stimulants. Pourquoi ne donnons-nous pas la liberté aux apprenants de personnaliser leur environnement? Par exemple en peignant la classe de couleurs vives, en changeant le type d’éclairage et en reconfigurant les locaux. Ces changements physiques pourraient, de fil en aiguille, nous mener vers l’intégration de nouvelles méthodes d’apprentissage telles que les tablettes électroniques pour adapter l’enseignement aux réalités des jeunes. Pour en arriver là, nous avons besoin de professeurs qui ont la passion d’enseigner et qui acceptent d’évoluer en s’adaptant aux besoins de leurs élèves. Trop souvent, les syndicats protègent des enseignants blasés ou incompétents. Les élèves subissent alors les foudres de ces enseignants et ne reçoivent pas un enseignement approprié.
Deuxièmement, il est primordial que les décideurs au sein du système d’éducation nous ouvrent la porte. Nous sommes les mieux placés pour leur faire part de nos besoins. Étant donné que chacun d’entre nous a des compétences et des savoirs différents, nous devons équilibrer le rapport de force afin que nous puissions tous profiter de l’expérience personnelle de chacun et de ce qu’elle peut nous apporter. Les jeunes devraient pouvoir participer aux débats pour que leur opinion soit entendue et avoir l’opportunité d’apporter des pistes de solution. Ainsi, nous développerions le sentiment d’appartenance au milieu, et tous auraient le goût de s’impliquer dans leurs travaux. Cela vaut autant pour les apprenants que pour les enseignants. Il serait aussi logique que le conseil étudiant siège au conseil d’établissement des écoles dans le but d’adapter l’environnement aux besoins éducatifs.
Certains diront que le système d’éducation est parfait comme il est. Chaque année, des statistiques font l’éloge de nos classements mondiaux, nous comparant avec d’autres provinces et d’autres pays. Ces fameux rapports sont-ils représentatifs ou relèvent-ils de données biaisées par les dirigeants? Ces derniers participent-ils concrètement au milieu scolaire? Sont-ils vraiment des partenaires? Savent-ils réellement ce qui se passe dans nos écoles ou cherchent-ils uniquement à obtenir des budgets équilibrés sans nécessairement se préoccuper de la situation dans les classes? Tôt ou tard, les élèves dont les besoins sont négligés développeront des troubles de comportement, reflétant la même attitude méprisante qu’ils perçoivent à leur égard. Malheureusement, plusieurs décrocheront pour cette raison!
Tout compte fait, nous sommes convaincus que tous les acteurs entourant l’éducation ont le même but : avoir du plaisir! L’apprentissage ne peut pas se faire dans un autre contexte. Il reste donc simplement à mettre en place les façons de faire qui optimiseront les chances d’atteindre cet objectif commun tout à fait réaliste! Pour ce faire, il faut inclure les jeunes dans les décisions les concernant. Il faut nous faire confiance. Que se passerait-il si soudainement les jeunes prenaient la parole à propos des enjeux de société? Plutôt, que se passerait-il si les décideurs nous donnaient la place qui nous revient dans les décisions? Nous aurions alors, tout simplement, notre avenir en main…
1. Jean-François Bouthillette, « Les adolescents en décalage horaire », Le Devoir, 29 février 2016.