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Black Friday et Boxing Day : avoir avant être

Par Marie-Noelle Brousseau le 2016/11
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Black Friday et Boxing Day : avoir avant être

Par Marie-Noelle Brousseau le 2016/11

L’Halloween n’est pas encore passée que, déjà, sur les sites Web des géants du commerce de détail, les consommateurs peuvent avoir un aperçu des produits qui seront en solde lors du « Vendredi fou » (Black Friday). C’est le tir de départ de la grande course aux « économies » qui durera un mois et demi puisque, désormais, les soldes de l’Après-Noël se prolongent jusqu’au Nouvel An.

Un téléviseur HD, une paire de skis, une caméra, un manteau. Peu importe la « nécessité » de combler un « besoin », l’appât de la nouveauté sous le couvert de l’économie l’emporte : « J’ai épargné 400 $! J’ai profité d’un rabais de 60 %! » Remarquez l’utilisation de la première personne du singulier. Il ne s’agit pas d’une course aux cadeaux pour faire plaisir aux êtres chers. Le plus « gros » cadeau, on se le fait à soi-même parce qu’on le mérite, on a travaillé tellement fort durant toute l’année. Chéri(e) s’accommodera très bien d’un chèque cadeau, et frérot, d’un billet de banque inséré dans une carte.

Pendant cette période, les commerçants réaliseront un cinquième de leur chiffre d’affaires annuel : malgré la baisse du prix des articles, le volume de ventes est en hausse. Mais la marge de profits demeure mince, ce qui crée un effet pervers sur l’économie, puisque les grands détaillants absorbent mieux cette perte de profits que les petits.

Même si les associations de consommateurs font de plus en plus d’éducation populaire autour de l’obsolescence programmée, la publicité et les stratégies marketing se déclinent sous de multiples formes et encouragent cette frénésie : acheter des produits à jeter. Au mieux, les vêtements se retrouveront à la friperie quand la mode passera, et les autres « cossins » trouveront de nouveaux propriétaires lors de la vente-débarras. Il faut reconnaître qu’il y a une différence entre la durée de vie du produit et sa durée d’utilisation, et cette équation (ou plutôt soustraction) devient presque inévitable en ce qui concerne l’obsolescence technologique. Plusieurs appareils électroniques, comme les téléphones cellulaires ou les ordinateurs, ont une durée de vie d’environ sept ans, alors que leur durée d’utilisation est en moyenne de 18 mois. Ils fonctionnent encore, mais il devient impossible de mettre à jour les applications ou d’installer un nouveau système d’exploitation. Le Règlement sur la récupération et la valorisation des produits a fait en sorte de responsabiliser les entreprises. Il est désormais possible d’aller déposer ses appareils désuets chez les détaillants pour les envoyer au recyclage, ce qui génère, au Canada, 4 700 tonnes de plomb qui contaminent les sols et les nappes phréatiques.

Cette course à la consommation ressemble de plus en plus à une course vers la perte : endettement personnel, dépendance à la consommation, fermeture de commerces locaux, surexploitation des ressources pour la fabrication de biens, surproduction de déchets, etc.

Et si, cette année, en plus de la Journée sans achat (26 novembre), on profitait aussi du « Vendredi fou » pour réfléchir à nos habitudes de consommation? Achat local, « Do it yourself », etc., plusieurs options existent déjà. Et si, le 26 décembre, on choisissait tout simplement de passer du temps avec les gens qu’on aime, juste pour le plaisir d’être avec eux et de créer des souvenirs qui, eux, seront impérissables?

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