Champ libre

20 ans de Grandes Gueules !

Par Marilie Bilodeau le 2016/09
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20 ans de Grandes Gueules !

Par Marilie Bilodeau le 2016/09

À la veille du lancement de la 20e édition du Rendez-vous des Grandes Gueules (RVGG), le Festival de contes et récits de la francophonie de Trois-Pistoles, je me suis entretenue avec Maurice Vaney, fondateur et directeur artistique, qui m’a raconté ses souvenirs des balbutiements du festival.

Marilie Bilodeau – D’où est née l’idée de lancer un festival de contes à Trois-Pistoles?

Maurice Vaney – En arrivant à Trois-Pistoles, j’ai été fasciné par les histoires des gens de la région et par leur façon de raconter. Je constatais toutefois que cet art disparaissait, que les gens se racontaient de moins en moins et étaient de plus en plus spectateurs des histoires des autres. Au départ, je voyais le festival comme un moyen pour inciter les gens à prendre parole. Quoi de mieux pour redonner ce désir que d’inviter des artistes à la langue bien pendue et de profiter de leur présence pour redécouvrir ce talent en chacun de nous enfoui sous des décennies de télé-pseudo-réalités. Au-delà de la jouissance d’entendre des contes servis par des artistes reconnus, le RVGG est une volonté de créer les conditions d’une revitalisation de la mémoire collective par des ateliers de récits de vie, des cafés de la parole, des interventions dans les écoles, des ateliers de formation, etc.

M. B. – Comment cette idée s’est-elle concrétisée?

M. V. – C’est lors d’une rencontre impromptue avec les conteurs Jocelyn Bérubé et Michel Faubert que l’idée de lancer un festival de contes à Trois-Pistoles a pris forme. Ensuite, un des tournants importants fut la rencontre inattendue avec le conteur Marc Laberge qui, sans qu’on le sache ici, avait déjà eu l’idée de lancer un festival de contes à Montréal. Grâce à lui, à ses contacts, notre projet a pu trouver ses ailes.

M. B. – Comment s’est déroulée la première édition en 1997?

M. V. – Elle fut bien modeste compte tenu du nombre de spectacles et de conteurs : six conteurs en trois jours à la Forge à Bérubé. (On compte cette année plus de trente-cinq conteurs en dix jours de festival.)

M. B. – Pouvez-vous me raconter quelques moments forts du RVGG à travers les années?

M. V. – Je me souviendrai entre autres du passage de grands conteurs européens et africains, de l’arrivée « sur le fly » du conteur nord-côtier Simon Gauthier, des Sparages de Jean-Marc Massie et de la rencontre de cette génération de conteurs que j’appelle la « mouvance du Sergent recruteur », qui ont investi les bars et les cafés de Montréal, ainsi que l’insistance d’un certain Fred Pellerin pour venir présenter en avant-première son premier spectacle Dans mon village, il y a belle lurette et sa générosité à venir proposer ses deux spectacles suivants.

M. B. – Pourquoi avoir fait de la Forge à Bérubé le cœur du Rendez-vous des Grandes Gueules?

M. V. – Pour moi, la boutique de forge de M. Louis -Philippe Bérubé était le lieu incontournable pour lancer le festival. L’idée, c’était de trouver un lieu peut-être improbable pour la diffusion de spectacles, mais un lieu de parole authentique. Je me souviens des yeux dubitatifs de M. Bérubé s’activant encore autour de son feu de forge à l’âge de 82 ans lorsque je lui ai demandé de nous louer sa boutique pour y présenter un festival de contes. Deux ans plus tard, affaibli par la maladie, il a décidé de nous la vendre.

M. B. – En terminant, le conte a-t-il toujours sa place dans notre société?

M. V. – À la question qui se posait à l’aube du millénaire : « Le conte est-il seulement un effet de mode? », on peut aujourd’hui répondre que malgré les aléas qui guettent toute forme d’expression artistique dans un monde qui carbure à la rentabilité commerciale immédiate, le conte a su perdurer, trouver des chemins de traverse pour s’affirmer à côté des autoroutes autorisées par la culture de masse.

La 20e édition du Rendez-vous des Grandes Gueules aura lieu du 30 septembre au 9 octobre 2016

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