
La Coopérative de solidarité Paradis fête son dixième anniversaire cette année. Ce lieu mythique est pour certains une mine d’or et pour d’autres une bâtisse en ruine. Reconnue comme un vecteur de créativité par une grande partie de la population artistique de la région, de la province et même d’ailleurs dans le monde, elle est encore perçue chez un nombre assez important de Rimouskois – surtout chez ceux qui n’y ont jamais mis les pieds – comme étant l’Audito (ancien cinéma), sans places de stationnement, qui abrite aujourd’hui des artistes squatteurs de la gau-gauche.
Mais qu’est-ce que la Coopérative Paradis? C’est un regroupement d’organismes culturels qui se sont unis afin de se donner les moyens de diffuser et de promouvoir leurs créations. Quatorze organismes font maintenant partie du Paradis. Films, concerts, théâtre, improvisation, vernissages et expositions, lancements, conférences, ateliers et formations sont au nombre des activités qui y sont offertes depuis le tout premier jour.
Ce lieu de diffusion, grâce à sa salle de projection et à sa salle de prestation multifonctionnelle, a permis à de nombreux artistes de la région de s’émanciper. Plusieurs jeunes ont débuté à l’intérieur du Paradis. Il n’y a pas d’endroit plus abordable pour un artiste de la relève. Un endroit où il bénéficie d’un accompagnement professionnel. Un endroit qui le porte, qui le « supporte ».
Un lieu d’échanges. Un lieu d’éducation, de sensibilisation, d’éveil culturel autant chez les jeunes que chez les plus vieux. Un lieu où les rencontres entre utilisateurs favorisent la réalisation de nouveaux projets. Il n’est pas rare de voir plus d’un organisme membre collaborer à un même projet. C’est de la création à l’état pur. La passion des arts y est partagée. En dix ans, on a tout vu. Une chanteuse siffleuse devant deux cents personnes âgées ébahies et qui vend ses albums comme des petits pains chauds. Tous les vendredis soirs, des spectacles d’improvisation devant une majorité de jeunes. Des équipes invitées provenant du Québec, du Canada, de la France et de la Belgique. Des spectacles de Noël complètement déments où le bonheur est contagieux. Des spectacles de musique folklorique, contemporaine, rock, heavy métal, etc. Des projections de films dans la Salle bleue pendant que l’eau nous coule sur la tête (c’estdéjà arrivé!). Des projections exceptionnelles dont on garde un souvenir impérissable. Les expositions d’arts visuels présentées sont aussi impressionnantes et de grande qualité.
Les organismes du Paradis ne manquent pas de créativité, notamment pour leurs campagnes de financement. Imaginez : des gâteaux concoctés par des personnalités publiques vendus aux enchères! Combattant pour sa survie, le Paradis a toujours su relever les plus grands défis. Malheureusement, il y a ceux qui pensent qu’il est responsable du piteux état de sa bâtisse. Au contraire, l’organisme a fait des pieds et des mains pour qu’elle reste debout. Ses employés ont tous eu, un jour ou l’autre, à se transformer en plombiers ou en ouvriers. N’oublions pas qu’au départ, cet emplacement devait être temporaire. Dix ans plus tard, le Paradis est toujours debout sur l’avenue Michaud. Mais combien de temps encore pourra-t-on y loger? Où va-t-on déménager? Plusieurs scénarios ont été envisagés pendant les dix dernières années, et celui qui semble le plus probant aujourd’hui, c’est le déménagement dans la Cathédrale de Rimouski. Les plans ont été dévoilés il y a quelques semaines et un mot a été prononcé : « époustouflant ». Ce sera un centre multiculturel de premier plan. Des opposants au projet, il y en aura toujours, mais est-ce que Rimouski peut se permettre de perdre un organisme culturel comme le Paradis? Comme on l’a entendu au dévoilement du projet : « On dit que Rimouski est une capitale régionale, il ne faudrait pas que ce soit juste un slogan. »