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Vers le Pays mien de Natasha Kanapé Fontaine

Par Laurence Veilleux le 2016/03
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Vers le Pays mien de Natasha Kanapé Fontaine

Par Laurence Veilleux le 2016/03

«Quel est le songe que je fais / il faut ma naissance », affirmait Natasha Kanapé Fontaine dans Manifeste Assi, paru au printemps 2014. Voilà que la jeune poète et militante innue accueille cette naissance nécessaire, dans un voyage vers le « pays mien ô » de Bleuets et abricots, son troisième et plus récent recueil. Paru en février 2016 chez Mémoire d’encrier, cette publication poursuit l’éclosion de la parole engagée de cette auteure à surveiller, lauréate du prix de poésie de la Société des Écrivains francophones d’Amérique en 2013 pour N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, son premier recueil (Mémoire d’encrier, 2012).

Natasha Kanapé Fontaine nous invite à suivre une femme territoire sur les routes qui transportent les peuples du Nord vers le Sud, femme à la fois mère, terre, guerrière, Anacoana, résistante. Une « femme entre les hommes et les femmes ». Coiffée de la peau résineuse des forêts, elle s’affirme dans un « je » universel, une parole forte portant l’amour et la colère de sept générations, car « [sa] côte gauche malade / ne peut plus attendre les dents du loup ».

Bleuets et abricots se lit en deux grands mouvements qui se découpent en plusieurs parties : La marche, La chasse, La cueillette ainsi que La réserve et La migration. Malgré ces titres, les thèmes évoqués s’entremêlent un peu partout dans les poèmes. La poète pose côte à côte le soleil du Sud et les engelures du Nord, les cloisons des pensionnats québécois et les bras ouverts de la mer chaude dans une quête de liberté et d’amour. Ses mots réveillent les perspectives d’un pays qui existe déjà, qu’il faut apprendre à voir. « Pays mien ô / voici ton nom / lové entre mes entrailles / sable et plages / lune et pierres ». Toutefois, il arrive que l’on se perde entre tout ce qui se cherche un nom et qui porte différents chapeaux. Lorsque la poète offre au pays un nom, puis l’échappe, incertaine.

C’est un recueil imposant que Bleuets et abricots, de par ses nombreuses invocations et la longueur de ses poèmes-fleuves. Mais quelle grande quête que cette marche ouverte par la poésie de Kanapé Fontaine pour retrouver son nom, son identité et à travers celle-ci, déplier la parole entre les peuples.

LA MARCHE SE POURSUIT

L’année 2016 est prolifique pour la jeune poète de 25 ans, qui a participé au collectif de poésie Femmes rapaillées, dirigé par Ouanessa Younsi et Isabelle Duval, paru tout récemment chez Mémoire d’encrier. L’ouvrage rassemble une quarantaine de voix poétiques féminines de différentes origines. Chez les éditions Écosociété paraîtra également, au printemps, la première publication à saveur essayistique de l’auteure, en collaboration avec le journaliste et écrivain franco-américain Deni Béchard, Kuei, je te salue, conversation sur le racisme.

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