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La fatalité du capitalisme

Par Benoît Gauthier le 2016/02
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La fatalité du capitalisme

Par Benoît Gauthier le 2016/02

Nous vivons présentement les années troubles d’un capitalisme malade qui n’en finit plus d’étaler ses failles et ses contradictions. Les fraudes industrielles, les catastrophes écologiques et humaines « collatérales », les dérives financières des grandes corporations qui font les manchettes chaque jour sont les symptômes non équivoques d’un système qui déraille. En réaction, qu’est-ce qu’on fait? On continue de croire que le capitalisme est le seul modèle « social » qui convienne! On s’accroche! On s’agenouille à l’autel des Bombardier de ce monde et on pleure sur son pauvre sort de citoyen ordinaire.

À moins que l’on ne soit de ces optimistes qui aspirent à trouver leur place, un jour pas trop lointain, parmi les privilégiés du système. Les irréductibles american dreamers! Pour ceux-là, il leur faudra embrasser le capitalisme pour ce qu’il est, c’est-à-dire travailler sa fibre égocentrique jusqu’à en perdre la raison et, notamment, réprimer tout attrait pour le bonheur, le rêve, la poésie et la beauté du monde… Car la seule motivation admise chez le capitaliste est celle d’accumuler de l’argent, toujours davantage, fut-ce au détriment de tous les espoirs et passions que nous partageons par notre condition humaine. Bienvenue au cœur du paradoxe, découvrez la société asociale!

N’importe qui peut démarrer une entreprise, exploiter et sous-payer ses employés, piller des ressources naturelles, polluer l’environnement, produire des biens insignifiants à obsolescence programmée, faire des marges de profit faramineuses sans rendre de comptes, réclamer des crédits d’impôt et des subventions à l’État, placer son butin dans un paradis fiscal, répandre de la pub abrutissante dans toutes les sphères de nos vies, édifier dans nos paysages des bâtiments affreux faits de matériaux de troisième classe, utiliser tous les moyens pour anéantir la concurrence et, en prime, mépriser ouvertement l’État, les syndicats et les contribuables, surtout ceux qui sont pauvres, tout ça à l’intérieur de limites juridiques. Voilà ce que défend le capitalisme contemporain : la LIBERTÉ d’entreprise!

Le capitalisme attaque sans pitié tous les indices du bonheur. Que des millions de citoyens se retrouvent vidés de leur âme, soumis et sans rêves, attablés dans un quelconque Tim Hortons, lisant un journal sans substance rempli à 75 % de publicités, sur un quelconque boulevard Taschereau, avec en arrière-fond une musique insipide n’a rien de dramatique, pourvu que l’économie se porte bien…

Il faut intégrer l’ultime message de la fatalité : faute de pouvoir s’émerveiller devant la beauté, on doit apprendre à abdiquer devant la médiocrité! Certains animateurs et chroniqueurs se font volontiers défenseurs de ce message.

Le capitalisme est vaniteux et est, par conséquent, incapable de se remettre en question! Ses adeptes jamais ne font de liens entre la pratique de leur culte économique et la dégradation des conditions de vie de l’ensemble. Pas plus qu’ils ne se permettraient de commenter pourquoi les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres! Tabou!

On entend trop souvent parler de « lunettes roses » lorsqu’il est question d’évoquer les idées mises de l’avant par les progressistes. Or, ce lieu commun détourne l’attention d’une réalité que les capitalistes ont tout intérêt à occulter. Alors qu’une multitude de transactions financières effectuées chaque jour est directement responsable de graves dommages, souvent irréparables, sur les petites économies locales partout dans le monde, le « joueur compulsif » se réjouit de ses gains en bourse sans voir que son petit bonheur nombriliste a un envers de médaille catastrophique! En termes de lunettes, plus roses que ça tu meurs!

Le capitalisme contemporain, appelé néolibéralisme, est la prescription d’une médecine aux effets secondaires délibérément non comptabilisés. Ce système, dont la fonction première est de veiller à consolider le pouvoir d’une mince proportion d’individus, 1 % dit-on, entretient des stratégies de manipulation et de désinformation pour donner l’illusion d’une légitimité et faire croire qu’il est au service de la population en général.

Notre système électoral, prétendument démocratique, est un extraordinaire simulacre auquel plusieurs semblent encore croire. Chez les commentateurs des grands médias, la « neutralité journalistique » contribue hélas à donner de la crédibilité à ce qui pourrait pourtant être vu comme une arnaque. Soyons sérieux! Comment peut-on retrouver dans une société démocratique digne de ce nom, une équipe de ministres fraîchement élus, affairés à attaquer, froidement, en trombe et sans consultation, les acquis sociaux de plusieurs générations, tout en prétendant travailler pour l’avenir de la nation?

La notion d’espoir est anéantie dans l’univers socioéconomique ambiant. Austérité, compressions, rigueur budgétaire, qu’importe les termes choisis, en tant que citoyens, il faut nous faire à l’idée de perdre, toujours plus, graduellement, et sans fin. C’est la fatalité du capitalisme!

Ce système imposteur, toxique, réussit à nous faire avaler le contresens de l’ordre naturel, à savoir cet instinct puissant que nous avons de travailler ensemble à améliorer notre sort.

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