
J’irai voter par devoir citoyen. Mais cette campagne électorale interminable m’aura découragé de la démocratie.
Sa durée exceptionnelle aurait pu permettre d’aborder tous les sujets importants qui touchent nos vies individuelles et collectives : l’économie, bien sûr, mais aussi l’éducation, la santé, la recherche scientifique, les droits et libertés, les peuples autochtones, l’environnement, l’immigration, les relations internationales, les tribunaux et la justice criminelle, etc.
Au lieu de cela, tout au long de ces 78 jours, ce sont souvent des sujets tombés par accident (?) durant la campagne qui auront monopolisé l’attention, en fonction des gains électoraux à court terme que les divers partis pensaient pouvoir en tirer : chicanes partisanes autour des débats, procès Duffy, niquab, déversement des eaux usées à Montréal, et même l’accord de libre-échange transpacifique.
À voir fluctuer les intentions de votes jusqu’à pouvoir envisager l’élection d’un gouvernement conservateur, alors que l’électorat canadien ne jurait que par le « besoin de changement » au déclenchement des élections, on est en droit de se demander si, dans notre démocratie actuelle, on n’élit pas des gouvernements accidentels!
Pour éviter des campagnes électorales carrément détournées par des sujets anecdotiques, il faudrait dorénavant obliger tous les partis à se prononcer clairement, au cours d’une campagne électorale, sur une liste préétablie de tous les principaux enjeux touchant la vie des électeurs. Les concours de popularité subsisteraient peut-être, mais au moins, les chefs politiques seraient forcés de nous dire où ils logent sur autre chose que sur des sujets accidentels « payants ».