
L’ancien magasin général de Cacouna reprend du service et abrite, depuis novembre 2014, une épicerie écologique – Le petit Chaperon vert–, une galerie d’art – Chez Pablo –, le bureau de La Rumeur du Loup, et l’Atelier des possibles, lieu de rencontre communautaire accessible à la population.
L’idée
Chantal Parenteau, maman de trois jeunes enfants et propriétaire radieuse et passionnée du petit Chaperon vert, se demandait comment nourrir sa famille avec des aliments de qualité, biologiques, au coût le plus bas. Certes, à Montréal, d’où viennent Chantal et son conjoint, la chose reste relativement possible. Mais dès qu’on sort de la métropole, la situation se corse. De plus, les importations sont souvent chères, la marchandise est emballée, portionnée, ce qui entraîne quantité de déchets.
Chantal vivait à Rivière-du-Loup depuis deux ans quand elle a rencontré Louis-Philippe Gélineau Busque, rédacteur en chef de La Rumeur du Loup. Elle voulait ouvrir son épicerie écologique, entreprise qu’elle souhaitait rassembleuse et communautaire, et Busque, allié précieux qui connaît bien la région et de nombreux réseaux, rêvait d’une galerie d’art. À partir de là, tout est allé très vite, le projet s’est rapidement concrétisé. Soulignons au passage l’aide importante du CLD au chapitre de la comptabilité.
« L’accueil a été chaleureux, confie Chantal. Les gens sont ouverts et nous encouragent. Plusieurs personnes sont venues nous proposer leurs services bénévolement. Le simple fait d’exister est en soi une réussite, rappelle-t-elle. L’ouverture du magasin remplit une mission de sensibilisation à une autre façon de faire, même si les habitudes alimentaires et d’achat sont difficiles à changer. »
Le royaume du pot Mason
Au petit Chaperon vert, le pot Mason consigné est le maître des lieux. Il n’y a pas d’emballage. Le client, déconcerté dans un premier temps, se sert lui-même. Il apporte son pot, son sac, son contenant. S’il n’en a pas, il utilise un pot Mason consigné. Chantal ne voulait pas s’embarrasser de plastique pour transvaser les grands sacs de céréales, de légumineuses ou de noix. On parle donc de vrai vrac, directement de la poche d’origine, dans le respect des règles d’hygiène et de la législation en vigueur.
Le petit Chaperon vert : quelques chiffres
Qui dit réduction ou suppression de l’emballage dit économies, soit environ 24 % du prix courant pour les noix de cajou crues et 25 % pour les produits de nettoyage. Autre exemple : pour les noix bio, les prix de Chantal sont identiques à ceux affichés par de grandes chaînes d’épicerie d’escompte pour des articles non bio bon marché. Quant aux déchets, les clients assidus en sont témoins : le bac de recyclage se remplit deux à trois fois moins vite.
Graines, farines, viandes congelées, sucreries, boulangerie, fruits et légumes frais, épices, herbes, huiles, café, tisanes… la diversité est au rendez-vous sur les tablettes du petit Chaperon vert.
Les fournisseurs
« On essaie de répondre aux besoins alimentaires de base avec des produits de qualité », m’explique Chantal, elle qui trie ses fournisseurs sur le volet et choisit des professionnels consciencieux, respectueux de la terre et de l’environnement.
Ainsi, fait-elle affaire avec la Coop Alentour de Sherbrooke et Roland & Frères, distributeur de denrées alimentaires de Saint-Pacôme, qui lui rapporte fruits et légumes biologiques du marché central de Montréal. Elle pratique aussi un véritable travail de terrain de longue haleine pour trouver des producteurs locaux. Résultat : le petit Chaperon vert propose à ses clients des bleuets de Saint-Modeste, des fruits et légumes d’Amqui et une « magnifique huile de tournesol biologique de Saint-Jean-Port-Joli ». Le café, quant à lui, vient de la Brûlerie de l’Est de Rivière-du-Loup. Cet été, ce sont Les Jardins d’Édith, de Saint-Modeste, qui assureront la production maraîchère. Sans oublier les Jardins d’la Caldwell, maraîcher biologique de Cabano.
L’objectif ultime? Vendre uniquement des articles du Bas-Saint-Laurent.
L’avenir
Trouver l’équilibre entre sa vie de femme, de mère et d’entrepreneure est un défi quotidien pour Chantal. Depuis presque un an maintenant, l’épicerie est une réussite : avec un investissement personnel de 15 000 $, sans prêt, Le petit Chaperon vert n’a pas de dettes, continue de croître, de réinvestir les profits, et embauche même une étudiante pour l’été.
Il reste que ce rythme est parfois essoufflant. Chantal envisage une période de trois ans pour consolider l’étape du démarrage et peut-être créer une coopérative. D’ici l’automne, toutefois, elle aimerait trouver un ou une partenaire pour partager la gestion de l’entreprise.
Bref, développement économique local et régional, écologie et respect de l’environnement ne sont pas incompatibles. Le petit Chaperon vert en est un exemple éloquent.
Le petit Chaperon vert de Cacouna est ouvert du mercredi au samedi.