Dans le cadre d’un groupe de discussion, la chaîne de webtélévision MAtv a récemment interrogé ses auditeurs : Sommes-nous trop cyniques face aux politiciens? Bonne question, non? Depuis une vingtaine d’années, voire plus, la majorité des sondages indiquent qu’entre 10 et 15 pour cent de la population fait confiance aux politiciens. N’est-ce pas déjà un début de cynisme?
La vocation
On peut concéder que la majorité des personnes qui se lancent en politique le font de bonne foi. Les raisons sont nombreuses et généralement louables. Certains souhaitent améliorer la qualité de vie de leurs concitoyens, infléchir le cours des événements. D’autres disent vouloir redonner à la société ce qu’elle leur a offert. D’autres encore y vont par conviction, pour un projet précis. Personne ne parle alors de pouvoir ou d’argent. Mais il y a certainement un début de désir d’influencer les situations, les gens. Chose certaine, ces femmes et ces hommes doivent savoir dans quoi ils s’embarquent : un métier difficile qui les exposera à la critique. C’est normal, ils demandent à la population de leur faire confiance en lui promettant mer et monde. Entrer en politique, c’est vendre son âme au peuple, ni plus ni moins!
La critique
Une étude réalisée en 2014 par le Département de sciences politiques de l’Université Laval démontre que les élus respectent la majorité de leurs engagements. Le problème? Ces politiciens ne sont pas là uniquement pour tenir promesse. Ils doivent avoir un comportement exemplaire. Et ça, l’étude n’en parle pas. La tentation est grande de contourner les règles pour arriver à ses fins. La pression est très forte de la part des électeurs… à juste titre d’ailleurs. Où s’arrête la critique légitime et où commence la satire?
Avec l’avènement des réseaux sociaux, le nombre de citoyens, d’organismes et de médias qui vont jusqu’à salir les élus a explosé. Il faut dire que maintenant, nous sommes plus informés sur les malversations, conflits d’intérêt, changements d’allégeance, décisions partisanes et autres fausses promesses électoralistes. L’occasion est belle d’utiliser les outils disponibles et de tenter de faire entendre son indignation. Mais les élus prennent-ils connaissance des satires et des commentaires cyniques qu’ils suscitent? Il y a fort à parier que oui, en grande partie du moins. Et c’est là que réside le bénéfice de vouloir se démarquer pour que notre voix se rende aux oreilles des personnes concernées. Comment donc ne pas passer inaperçu dans le flot d’opinions diffusées partout? En étant plus sévère, plus méchant, plus original, plus percutant.
La question demeure entière. Sommes-nous trop cyniques et exigeants? Nous remettons le droit de voter des lois, de gérer notre argent si difficilement gagné à ces élus. Même les moins politisés doivent vivre au quotidien avec les répercussions des décisions des politiciens. Il y a de plus en plus de lois et de règlements. Nous ne sommes pas consultés. Alors oui, nous pouvons certainement nous permettre d’être alertes et de manifester notre dégoût aussi fort que nous le pouvons. Nous devons même avoir le choix des armes!
Bon été quand même!
Sur une note plus légère et positive, nous vous proposons, dans ce numéro, des textes qui expriment notre attachement à nos régions. On vous présente, entre autres, de magnifiques initiatives originales qui démontrent que nous ne sommes pas prêts de nous laisser emporter par les mesures d’austérité de ce gouvernement sans vision. Nous sommes fiers de vivre et d’habiter notre territoire. Et nous nous battrons pour conserver nos acquis!