Le volume 20 numéro un du Mouton Noir est là! Volume 20 comme dans 20 ans d’existence. Il y a 20 ans, en 1995, RDI voit le jour, 15 000 femmes manifestent devant l’Assemblée nationale du Québec en demandant l’équité salariale et un salaire minimum décent, le salaire minimum passe à 6,45 $, la voie du NON l’emporte de justesse au référendum (50,48 % contre 49,52 %), le juge Jean Bienvenue déclenche une nouvelle controverse dans le milieu judiciaire lorsqu’il déclare lors d’un procès : « Lorsqu’elle [la femme] décide de s’abaisser, elle le fait hélas jusqu’à un niveau de bassesse que l’homme le plus vil ne saurait lui-même atteindre » et, à Squatec dans le Témiscouata, on découvre le site du plus vieux peuplement humain au Québec qui daterait de 11 500 ans. À Rimouski, Le Mouton Noir naît! Le fondateur, Jacques Bérubé y écrit : « Nous joignons notre voix à celles qui réclament que la Ville de Rimouski fasse preuve de logique et de respect en donnant le nom de Lisette Morin à son anonyme bibliothèque. » Le ton est donné. Le monopole et la censure des grands groupes de presse ne feraient plus la loi… du moins la seule loi. Les décideurs et autres élites néolibérales n’auraient plus la seule voix. Ça n’a pas été de tout repos. L’indépendance, ça se paie. Vingt ans plus tard, ce n’est guère plus facile. Mais le malheur, c’est que la presse indépendante n’a jamais été si nécessaire. Pas de repos pour les chiens de garde. Les bergers qui croient en le Mouton Noir, ceux et celles qui ne comptent pas les heures de bénévolat pour vendre des hotdogs la fin de semaine, ceux et celles qui corrigent des textes jusqu’aux petites heures du matin, ceux et celles pour qui le journal est la seule raison de rester à Rimouski, ne baissent jamais les bras. Et les lecteurs le leur rendent bien. Les appuis populaires sont nombreux et touchants. Les commentaires sont motivants. Alors que l’actualité nous fait douter de l’humanité, les humains de la bergerie sont beaux… tout simplement.
Et l’avenir?
Au printemps dernier, la situation financière du Mouton Noir n’était plus simplement précaire, mais catastrophique. Une entreprise privée aurait fermé boutique. Malgré la générosité légendaire des fournisseurs, créanciers et lecteurs, la pente était trop abrupte. Nous avons dû poser des gestes déchirants. En juillet, nous avons fermé nos locaux au centre-ville de Rimouski et aboli le poste associé à la mise en marché. Des économies importantes certes, et une dynamique différente et déstabilisante. Mais la nécessité est productrice de motivation et de passion. Le dynamisme et le dévouement du conseil d’administration et des autres comités ont fait des miracles… encore! Malgré tout, la situation n’est pas plus rose aujourd’hui, mais nous sommes confiants. D’ailleurs, vous constaterez dans cette édition que la qualité du Mouton Noir ne se dément pas. Et justement, pour la rentrée 2014, nous avons choisi de nous pencher sur l’éducation, la pierre angulaire d’une citoyenneté participative plus juste. Encore une fois, nous remettons en question les règles établies. Réfléchir, cultiver un esprit critique, commenter, revendiquer, lutter au quotidien sont essentiels. C’est notre mission. C’est aussi la vôtre. Et tant que vous serez à nos côtés, nous continuerons de vendre des hot dogs la fin de semaine avec le plus grand des plaisirs!