Mon histoire est unique comme celle de toutes les femmes qui ont porté la vie. Ce qu’il y a de particulier, c’est que j’ai expérimenté différents endroits et divers types de spécialistes. Lors de mes deux premiers accouchements, j’étais suivie par un obstétricien, à mes troisième et quatrième enfants, par une omnipraticienne et pour mes deux derniers, par une sage-femme. À chaque changement, la qualité du service s’est améliorée. Les sages-femmes ont de loin surpassé leurs collègues médecins. La qualité du suivi est formidable, leur dévouement, indéniable et leur savoir-faire, remarquable.
À ma première grossesse, je voulais ce qu’il y avait de mieux pour mon bébé et moi. J’ai lu sur l’accouchement physiologique et je souhaitais un accouchement naturel, sans épidurale ni épisiotomie. J’ai choisi un hôpital avant-gardiste et un obstétricien en pensant que c’était la meilleure option. Je voyais mon médecin selon le calendrier des visites. Je pouvais attendre des heures dans la salle d’attente. Lorsque venait mon tour, je devais mettre une jaquette et il me voyait les deux jambes en l’air. C’était mon premier bébé, j’avais plein de questions. Pour avoir des réponses, je devais avoir une liste de questions écrites, tellement mon médecin était expéditif. Lors de l’accouchement, ce sont les infirmières qui ont pris soin de moi. Mon époux était auprès de moi, il me massait et il me soutenait. Ce qui m’a été le plus utile, ce fut ma capacité à rester dans ma bulle et à me relever après la surveillance du coeur du bébé avec le moniteur foetal. Mon obstétricien est arrivé dans les dernières minutes, au moment de la poussée. Il n’a pas eu grand-chose à faire. J’aurais préféré qu’il ne fasse rien… Il a tiré sur le cordon ombilical malgré ma protestation. J’ai fait une hémorragie. Oh, grande souffrance! Il m’a fait un massage intense de l’utérus!
Je l’ai tout de même choisi pour ma deuxième grossesse. Il était sur place lorsque je me suis présentée à l’hôpital. Comme le protocole le voulait, on m’a couchée et mis le moniteur foetal. Et pour moi, tout s’arrête lorsque je suis assise ou couchée. Il m’a demandé quels étaient le rythme et l’intensité de mes contractions. J’ai hésité. Chez moi, elles étaient si intenses que je ne les avais pas comptées. Il a tout de même décidé de partir, et ce, malgré l’avis de l’infirmière selon lequel j’accoucherai rapidement. Effectivement, 20 minutes plus tard, mon fils était parmi nous.
Aux deux grossesses suivantes, j’ai choisi une omnipraticienne. Elle prenait le temps de discuter avec moi. Malheureusement, ce n’était pas elle qui était de garde à mon troisième accouchement. L’infirmière m’a accueillie et m’a observée. J’ai failli accoucher seule, car on a envoyé mon époux faire mon admission. Il est revenu juste à temps et il a avisé le personnel. Le résident m’a demandé d’attendre le médecin! Désolée, mais on ne retient pas un bébé qui veut sortir. Mon fils a éclaboussé allégrement le résident!
Pour mon quatrième enfant, l’accouchement a bien été. Mon médecin était là. Mon accouchement s’est déroulé comme je le désirais. Cependant, après la naissance de mon fils, plusieurs évènements liés à l’organisation des soins ont été choquants et stressants.
Pour mes deux derniers enfants, la Maison de naissance Côte-des-Neiges était en activité. Dès que j’ai su que j’étais enceinte, j’ai réservé ma place. Mon époux était sceptique. Il avait peur qu’il y ait des complications et du délai pour une intervention rapide des médecins. Dès la première rencontre, nous avons été rassurés. Tout était en place pour un transfert rapide si une complication survenait. Il y aurait en tout temps deux sages-femmes qui prendraient soin de moi. Ma sage-femme a pris le temps de m’écouter à chacune de mes visites. Elle m’a même montré comment sentir mon bébé à travers mon ventre. Bonheur! Cet accouchement a été plus difficile que les autres, car ma fille était mal placée. Ma sage-femme m’a guidée et ma fille est née naturellement grâce au savoir-faire de ma sage-femme.
Pour mon dernier bébé, l’accouchement s’est fait rapidement. Tout s’est passé comme je le désirais. Les sages-femmes ont été efficaces et surtout très discrètes.
Je souhaite que toutes les femmes et tous les couples puissent avoir accès à une sage-femme. L’accouchement est un moment fort où la femme peut se sentir très forte et en même temps très vulnérable. Elle a besoin d’être entourée de personnes qu’elle connaît et qui la connaissent. Et cela ne peut se faire que par la continuité des soins comme le privilégie la philosophie sage-femme.
Enfanter est un acte naturel et normal. Comment se fait-il qu’il soit devenu un acte médical? La femme possède en elle cette grande capacité à mettre au monde son enfant. Il faut lui donner l’espace et le temps pour y arriver. Je souhaite que les femmes se réapproprient ce pouvoir.