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Que sont les idées devenues?

Par Jean Bernatchez le 2014/05
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Que sont les idées devenues?

Par Jean Bernatchez le 2014/05

Le Parti québécois perd les élections d’avril 2014 (30 élus, 25 % des voix), le Parti libéral les gagne par défaut (70 élus, 42 %). La Coalition avenir Québec (22 élus, 23 %) et Québec solidaire (3 élus, 8 %) prétendent à une victoire morale. Des idées, il y en a dans tous les partis, mais elles sont en dormance sur leur site Internet. La campagne est marquée par les attaques personnelles. Que sont les idées devenues?

Parti québécois : mise en jachère des idées fortes et erreurs stratégiques

Des 13 élections générales mettant en scène le PQ, les résultats de 2014 sont les plus décevants en termes de suffrages, si l’on exclut les premières de 1970, avec 23 % des votes. Mise en jachère des idées fortes et erreurs stratégiques ont raison du gouvernement Marois qui transgresse sa loi sur les élections à date fixe afin d’obtenir une majorité parlementaire. L’article 1 du parti, réaliser la souveraineté, est écarté. Le PQ évoque la possibilité de deux mandats sans référendum. L’héritage social-démocrate est balayé sous le tapis déroulé pour accueillir PKP. La Charte des valeurs divise et Janette divague. La soirée électorale se conclut avec le festival des gros ego mettant en vedette les Jean-François Lisée, Bernard Drainville et Pierre Karl Péladeau. Le projet souverainiste n’est pas mort, mais le PQ doit faire acte d’humilité et se redéfinir souverainiste et social-démocrate en misant sur ceux et celles pour qui le projet, plutôt que le chef, est central. Le Québec fait le deuil de quelques excellents ministres et d’une première ministre résiliente dont le plus beau deal est celui des centres de la petite enfance qui enrichissent le Québec depuis 1997.

Parti libéral du Québec : une victoire par défaut

Philippe Couillard est calme et posé; ce sont de belles qualités pour un neurochirurgien, spécialiste de l’amnésie dont souffre le Québec. L’électeur ne se trompe jamais, mais il cherche à préserver son confort, à ne pas être dérangé. Une candidate se fait répondre en porte-à-porte : « Je préfère un gouvernement corrompu à un autre référendum ». La campagne du PLQ repose sur deux mots : référendum et boue. Ils occultent d’autres mots pas propres : paradis fiscal, relations d’affaires douteuses, financement illégal. Qui sont les 11 libéraux dans la mire de l’Unité permanente anticorruption? Y aura-t-il une série d’élections partielles pour remplacer quelques députés qui ne pourront plus siéger? Nous saurons dans quelques mois si la victoire par défaut des libéraux en est vraiment une.

Coalition avenir Québec : le populisme paie

En début de campagne, les analystes prévoient la défaite de François Legault et l’élection d’un petit noyau de caquistes aux pourtours du royaume Labeaume, fief du populisme. Le transfuge péquiste s’autoproclame vainqueur du second débat et cela a l’effet d’une prophétie autoréalisatrice, comme c’est souvent le cas en politique avec les sondages. Dès lors, l’homme combine scatologie et dénigrement : le Québec est dans la merde; quelles compétences peuvent avoir un médecin ou une travailleuse sociale par rapport à moi, un entrepreneur, pour gérer ce business qu’est le Québec? Le populisme paie. Même si elle obtient moins de voix que lors des élections de 2012 (27 %), la CAQ se prétend la vraie opposition, considérant la gueule de bois dont peinent à se défaire les péquistes.

Québec solidaire : un pied hors de la marge

Bonne nouvelle pour QS : le parti augmente sa députation de 50 %. Mauvaise nouvelle cependant : il n’a que trois députés. L’option du « parti des urnes » rallie les militants de gauche davantage que celle du « parti de la rue » héritée de l’Union des forces progressistes, fusionnée en 2006 avec Option citoyenne. Ce pragmatisme permet à QS de mettre un pied hors de la marge et rend possible l’élection d’une troisième députée, Manon Massé. En période électorale, QS joue le jeu conventionnel : marketing politique (slogans, pancartes, pointage et porte-à-porte), cadre financier et publicité télévisée. L’expérience ratée de l’autobus de campagne (une seule journaliste, celle du Devoir, y est présente) met en évidence la nécessité de faire campagne autrement. QS renforce ses appuis dans Rimouski (16 % contre 7 % en 2012) : le parti peut-il être aussi celui des régions? La posture de Françoise David rassure, celle d’Amir Khadir dérange. Cet équilibre permet à QS d’être efficace dans la joute parlementaire.

Vivement une réforme du mode de scrutin !

Catherine Dorion, la muse d’Option nationale, évoque le scénario de la fusion avec QS au moment où le brave Sol Zanetti récolte moins de 3 % des voix dans Jean-Lesage. Défendre des idées, ce n’est pas winner. Ce qui pourrait l’être toutefois, c’est un mode de scrutin proportionnel où chaque idée serait entendue et débattue à l’Assemblée nationale, qu’elle soit de droite, de gauche ou d’extrême centre. La fin de cynisme passe par cette option.

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