Le blogue du rédac

D’Amour et de ciment!

Par Éric Boucher le 2014/05
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D’Amour et de ciment!

Par Éric Boucher le 2014/05

Dans cette nouvelle section, le rédacteur en chef du Mouton Noir, Marc Simard, partage avec les lecteurs ses coups de gueule, des textes coup de cœur de collaborateurs et encore plus…

Cette semaine, son choix s’est porté sur un texte d’Éric Boucher de Gaspé sur le projet de la cimenterie de Port-Daniel.

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Les États-Unis n’en voulaient pas. Au 21e siècle, on ne peut plus y vendre des projets aussi polluants et toxiques. Les communautés montent aux barricades. Offrons-la donc aux Gaspésiens! Ils sont bonasses! Mais surtout, ils sont désespérés… Ils n’exigent jamais rien.

C’est dans la stupeur générale que Jean D’Amour, notre nouveau ministre responsable de la Gaspésie a reconfirmé que le gouvernement libéral, ce grand amoureux de l’environnement,  croyait au projet de la cimenterie de Port-Daniel.

Les contribuables cracheront donc autant de millions que les cheminées crachent des gaz à effet de serre. À genou, les yeux fermés, comme à la communion.

Le peuple était pourtant dès lors en position de force. Les élus auraient pu imposer leurs conditions à l’entrepreneur. Exiger, je sais pas moi, un BAPE pour répondre à des questions légitimes. Que l’on utilise la méthanisation et/ou la biomasse locale afin de donner un coup de pouce à notre industrie forestière qui en aurait bien besoin. Réduisant du même coup les rejets toxiques. Ou encore, un projet de culture de micro-algues afin d’absorber le CO2.  Mais non; ce ne serait pas poli. On donnerait l’impression de cracher dans la soupe. Utilisons, comme convenu, des déchets du pétrole de l’Alberta comme la main-d’œuvre de Pétrolia sur les chantiers de Murdoch et Haldimand.

Pour la cimenterie aussi les Gaspésiens ne récolteront que les miettes et les dégâts. Bien sûr, un Gaspésien ici et là, mais les bons jobs “permanents” sont pour les autres. Pour ceux des grands centres où se donnent les formations. On nous a bien promis des efforts de ce côté.  Mais des promesses…ça vaut quoi aujourd’hui. On nous avait aussi promis que cette usine ne mettrait pas en péril les emplois existants, de ce secteur, au Québec. Qu’on visait un autre marché; celui des États-Unis. Or des syndiqués des quatre cimenteries du Québec ont rectifié. Si leurs usines fonctionnent encore à 60 % de leur capacité, en ces temps difficiles: c’est justement grâce au marché américain.

Par contre, ce qu’il y aura en quantité pour les Gaspésiens, ce sont les dégâts et les maladies. Quand la plus grande cimenterie en Amérique du Nord aura craché, pendant des années, son venin de furanes, de dioxines et de métaux lourds; les Gaspésiens, du secteur de Port Daniel, commenceront étrangement à souffrir des mêmes maladies respiratoires, des mêmes cancers. Dans les écoles du secteur, on se surprendra qu’il y ait autant d’enfants affligés d’asthme et d’allergies. ll sera bien sûr trop tard pour faire quoi que ce soit. Pour un projet de 100 ans, on aurait bien pu attendre quelque mois de plus pour un BAPE; pour avoir des réponses. Sur le vrai coût de cette usine. Pour prendre une décision en connaissance de cause.

Le jour de l’inauguration, partout sur la péninsule gaspésienne, prenez une grande, une très grande et dernière bouffée d’air gaspésien tel que vos grands-parents et ancêtres l’ont connu. Parce qu’avec les vents, notre air et nos rivières ne seront plus jamais les mêmes pour nos enfants. Partout en Gaspésie. On ne gonfle pas de 10 % les émissions de gaz à effet de serre industriels du Québec sans casser quelques oeufs…

Ça, bien sûr, personne ne nous le dit. C’est pourtant un prix remarquable à payer mais ça n’entre pas dans les colonnes comptables…

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