
Zéro pis une barre est le troisième album des Guenilles, ce trio (anciennement quatuor) basé à Montréal qui donne dans la musique hyper brutale. Pour les connaisseurs, le son des Guenilles se rapproche du « stoner métal », mais avec une dose d’agressivité supplémentaire qui rappelle Pantera à l’époque de l’album Great Southern Trendkill. Guitare, basse, batterie, toutes en lourdeur, et une voix déchirée jusqu’au sang, les onze pièces de l’album ne permettent ni répit ni respiration. Le ton est donné dès les premières notes et maintenu jusqu’à la toute fin.
Après deux albums fort réussis (Aucun Album et De Marde) , ce nouvel opus présente une réalisation et des arrangements plus évolués avec une production signée Jocelyn Gagné (Les Breastfeeders). On trouve par exemple des passages instrumentaux, à la fois techniques et répétitifs, sur lesquels se superposent des pistes aux effets discrets fort intéressants, dont une piste de thérémine.
Les textes sont enragés, dépressifs et d’une redoutable efficacité. D’entrée de jeu, « La scène locale » du Plateau Mont-Royal en prend pour son rhume, puis c’est la déchéance entre les « Taux d’suicide », « Poules pas d’tête » et « Salle d’attente » ; il n’y a surtout pas de lueur au bout du tunnel. La dernière pièce met en musique un discours historique du grand Michel Chartrand sur le conflit de la Johns-Manville à Asbestos. Magnifique finale qui illustre bien comment les Guenilles passent de l’insolence à la critique sociale dans un même et unique élan : celui des coups de pelles assénés en plein visage. La sortie de l’album, en vinyle seulement, est prévue pour le 19 novembre sous l’étiquette L’Oeil du tigre.