
Forêt, ce sont des artistes dans leur élément. Émilie Laforest (voix) et Joseph Marchand (guitare) ont déjà collaboré avec Pierre Lapointe et Ariane Mofatt, notamment. Ils mettent en musique les mots de Kim Doré, poétesse de talent. Avec le coup de main de François Lafontaine (Karkwa) à la réalisation, on obtient une équipe qui fait naître des attentes très élevées.
Pari tenu. Résultat : un album multicolore, qui gagne à être écouté souvent. Certes, l’esthétique est indiscutable dès la première audition, mais les suivantes permettent de se laisser surprendre au détour d’une courbe par un accord à frissons, un timbre audacieux ou un nouveau sens aux mots, soudain mieux sentis. La voix aérienne d’Émilie Laforest fait planer les poèmes de Kim Doré jusqu’à la stratosphère. Cette lévitation et les arrangements parfois denses comme une pessière (sans toutefois sombrer dans la lourdeur) nous déroutent un brin, c’est pourquoi avoir le texte en mains contribue grandement à rendre l’expérience d’écoute optimale. En cours de route, l’insomnie cohabitera avec les amours angoissées et la mélancolie : « c’est le temps qui se noie /ou le sucre de mes larmes /Je ne rêve pas de drames /Je ne sais pas pleurer . » Le tout est en symbiose avec la musique, qui se fond au texte au lieu de simplement l’accompagner.
Il émane de l’album une assurance artistique, un processus créatif assumé ainsi qu’une interprétation sentie. Un joueur de taille dans la cuvée musicale de ce printemps.