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Promesses tenues ?

Par Nicolas Lepage le 2013/03
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Promesses tenues ?

Par Nicolas Lepage le 2013/03

Après 100 jours de mandat, le Parti québécois se vantait déjà d’avoir remis « le Québec en marche ». Alors que la chef Pauline Marois se targue d’avoir, elle et son parti, fait davantage pour la province en un peu plus de trois mois que le précédent gouvernement en neuf ans, l’opposition libérale lui reproche plusieurs décisions précipitées. Bilan d’une formation politique qui aura néanmoins fait adopter neuf projets de loi sur les 14 présentés.

4 septembre 2012. Conclusion d’une campagne électorale qui a su animer l’intérêt de la jeunesse pour la politique pour une ou plusieurs raisons (lire ici : « ne pas réélire Jean Charest »). L’élection a suscité un taux de participation largement supérieur à celui de 2008 (74,61 %, contre 57,43 % au précédent scrutin) et aura vu l’éclosion de plusieurs nouveaux partis (dont la Coalition avenir Québec de François Legault, mise au premier plan dès le départ). Le PQ sera élu de façon minoritaire, lui qui avait martelé qu’une majorité lui permettrait d’accomplir toutes ses promesses.

Qu’en est-il de ces promesses ?

Au lendemain des élections, le PQ s’est immédiatement attaqué à la corruption, principal cheval de bataille de la CAQ. L’adoption du projet de loi du ministre Bernard Drainville, limitant le financement des partis politiques à 100 $ par électeur annuellement, ne s’est donc pas buté à une réticence de l’opposition officielle. Mieux : le projet de loi a été bonifié d’un plafond sur les dépenses électorales, ajout soumis par l’opposition elle-même.

Le sommet sur l’éducation aura bel et bien lieu, tel que promis dans la première semaine de campagne. La rencontre, qui devait avoir lieu dans les 100 premiers jours de mandat, se tiendra en février, soit avec deux mois de retard sur l’échéancier prévu. « Il y a manifestement un ménage à faire et il faut donc parler de la gestion avant de parler de sous-financement ou de hausse des frais de scolarité », avait dit la première ministre lors d’une conférence de presse donnée pendant les élections. Le PQ a promis l’annulation de la hausse des frais de scolarité et favorise plutôt une indexation sur l’indice du prix à la consommation (autrement dit, le « coût de la vie »). Les représentants des étudiants, des établissements, des professeurs et de la société civile se sont rencontrés pour débattre de la question.

Le PQ a rapidement réalisé quelques engagements sur l’énergie et les ressources naturelles. D’abord en fermant la centrale Gentilly 2. Qualifiée « d’improvisée » par l’opposition, cette décision coûtera 736 emplois à la MRC de Bécancour et occasionnera une perte de dividendes en provenance d’Hydro-Québec de 1,2 milliard de dollars au gouvernement, lui qui vise toujours l’équilibre budgétaire pour 2013-2014. Les 200 millions de dollars promis par le PQ, offerts sous forme de fonds de diversification économique pour la région, sont jugés insuffisants par la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières qui estime qu’un fonds d’au minimum 800 millions de dollars serait nécessaire pour atteindre les objectifs visés.

Toujours dans le secteur énergétique, l’implantation d’un nouveau régime sur les redevances minières, l’annulation du prêt de 58 millions de dollars promis par les libéraux à la mine d’amiante Jeffrey d’Asbestos, l’avenir du terminal méthanier Rabaska et un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste font tous partie du programme péquiste. Des mesures concrètes concernant la plupart de ces points se font toujours attendre, mais un projet de loi sur les mines et le gaz de schiste de la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, est en chantier depuis août, selon le site web de la ministre.

Du côté économique, la fameuse taxe santé imposée par les libéraux et devant être supprimée par les péquistes aura fait couler beaucoup d’encre. Lors de son premier budget, le nouveau ministre des Finances, Nicolas Marceau, a changé son fusil d’épaule. En effet, la taxe est demeurée active en 2012 pour tous les contribuables québécois, mais deviendra progressive dès 2013. Ainsi, près de quatre millions de payeurs de taxes seront exemptés ou paieront moins de contribution santé, alors que ceux ayant un salaire égal ou supérieur à 130 000 $ devront éponger une hausse calculée en fonction du revenu. Par exemple, une contribution santé pour l’année 2013 s’élèvera à 1000 $ pour un revenu de 150 000 $ ou plus. Afin de compenser une perte estimée à un milliard de dollars découlant de l’abolition complète de la taxe santé, le gouvernement Marois comptait hausser de façon rétroactive les impôts des mieux nantis. Le PQ voulait créer deux nouveaux paliers d’imposition sur les salaires de 130 000 $ et de 250 000 $ par année, en plus d’augmenter l’impôt sur les gains en capital et de réduire le crédit d’impôt sur les dividendes. Toutes ces mesures ont été mises de côté au profit d’une hausse de 1,75 % sur la portion des revenus excédant 100 000 $, établissant maintenant le taux à 25,75 %. Toutes ces mesures ont été accueillies tièdement par l’opposition, de qui le PQ doit absolument obtenir l’appui puisque toute modification à la Loi sur les impôts requiert un vote à l’Assemblée nationale.

Il sera intéressant de voir comment Pauline Marois saura manœuvrer face à tous les obstacles qui se dresseront devant son parti minoritaire. La joute politique n’est pas encore entamée sur plusieurs dossiers chauds, ce qui risque de faire de 2013 une année captivante du côté de l’Assemblée nationale.

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