Environnement

Les Premières Nations demandent la cogestion

Par Mélissa Lebel le 2012/09
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Les Premières Nations demandent la cogestion

Par Mélissa Lebel le 2012/09

Au cours de la dernière campagne électorale, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, a demandé au prochain gouvernement provincial de tenir un sommet dans les 100 jours suivant son élection, dénonçant par la même occasion l’absence quasi-totale des questions autochtones dans la campagne. À la suite d’une rencontre sur les terres Atikamekw, le 28 août dernier, M. Picard a annoncé que ce sont finalement les Premières Nations qui organiseront la table ronde. Il a aussi invité le futur gouvernement à participer au sommet de l’APNQL sur le territoire et le développement des ressources naturelles, et ce, afin de discuter de la mise en œuvre des principes de cogestion.

Le non-respect des droits ancestraux

Selon la Loi constitutionnelle de 1982, le droit de propriété du gouvernement du Québec est subordonné aux titres aborigènes et aux droits ancestraux des nations non assujetties à un traité. Or, mis à part les Inuits, les Cris et les Naskapis, aucune autre nation vivant à l’intérieur des limites du Québec n’a cédé ses droits ancestraux. En d’autres termes, le Québec ne peut exploiter les ressources naturelles sans le consentement des nations autochtones qui n’ont jamais signé de traité si elles se trouvent sur leur territoire. De plus, les provinces ne peuvent légalement tirer des revenus des terres publiques sur lesquelles les droits ancestraux sont appliqués.

À travers son histoire, le gouvernement du Québec a agi à de nombreuses reprises dans le non-respect des droits des peuples autochtones. À titre d’exemple, les communautés innues n’ont jamais été consultées au sujet des grands projets hydroélectriques érigés sur leur territoire. Encore aujourd’hui, elles n’en perçoivent aucune retombée économique. Le gouvernement provincial continue de faire la sourde oreille et nie avoir agi de manière inconstitutionnelle. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de constater la désillusion et la révolte des Premières Nations. « L’absence d’une volonté sincère, claire et porteuse de résultats contribue à motiver nos troupes dans l’identification d’autres recours. Mais ce que je trouve plus inquiétant, c’est que même si plusieurs m’accusaient d’irresponsable si je brandissais le spectre d’une approche plus radicale, je sais que quelque part, chez notre population, cette alternative est en train de se frayer une voie1 », affirme M. Picard. Afin d’éviter que le conflit ne se radicalise, le nouveau gouvernement doit appliquer les recommandations de la Commission royale sur les peuples autochtones du Canada et reconnaître le droit à l’autonomie gouvernementale des Premières Nations.

En route vers la cogestion?

Les Premières Nations demeurent encore des peuples inféodées. Le gouvernement provincial a aujourd’hui l’occasion de bâtir un lien de confiance et de développer une relation juste et équitable avec les nations autochtones. La participation au sommet organisé par les Premières Nations est une étape importante à franchir pour réparer les injustices commises. Le gouvernement du Québec est invité à considérer la cogestion avec les Premières Nations comme une priorité.

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1. Ghislain Picard, « Lettre ouverte. L’échec libéral et le défi des autres partis ».

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