L’année 2012 sera une année déterminante pour l’avenir de l’aménagement de Rimouski. La révision du plan et des règlements d’urbanisme est une opération exigeante, mais fondamentale, qui doit poser les balises de la ville future. Le projet de plan d’urbanisme, que la Ville a d’ailleurs soumis récemment à plusieurs consultations publiques de quartier, s’annonce prometteur. En effet, le plan tend vers une vision urbanistique résolument ancrée dans le XXIe siècle.
La protection et la mise en valeur de l’environnement naturel et du patrimoine bâti ainsi que la vitalisation des milieux de vie et de l’économie locale font notamment partie des stratégies envisagées. On constate une volonté de mettre sur un pied d’égalité les volets environnemental, social et économique, soit les trois composantes du concept de développement durable. Dans cette lignée, le plan propose 25 objectifs, dont l’introduction de pratiques plus performantes sur le plan environnemental, l’intensification de l’utilisation du sol au centre-ville et la saine exploitation des ressources.
Néanmoins, certains aspects du plan d’urbanisme pourraient être bonifiés, notamment en ce qui a trait à la question de la mobilité. Regardons de plus près ce que le projet de plan d’urbanisme propose à ce sujet.
Le paradigme du tout-à-l’auto
Depuis les années 1950, l’automobile s’est imposée comme principal moyen de transport en Amérique du Nord, notamment par la force du lobby pétrolier et des fabricants automobiles. Cela a façonné et défini l’aménagement des villes. Comme bien d’autres, Rimouski n’a pas échappé à cette tendance forte. Dans son projet, la Ville évoque la volonté de passer du paradigme du « tout-à-l’automobile » à celui de « l’humain et la famille au centre des préoccupations ».
Malgré cette visée, la Ville propose étonnamment à l’orientation 8 de son plan (« Des réseaux de transport efficaces, sécuritaires et conviviaux ») de développer le réseau routier. Bien que le plan ait également pour objectif de valoriser les transports actifs et le transport en commun, on constate que la place de la voiture reste privilégiée au détriment des autres modes de déplacement. D’ailleurs, bien que la population rimouskoise accorde une importance aux moyens de transport alternatifs, un sondage révèle qu’elle est majoritairement insatisfaite de l’offre de stationnement au centre-ville.
En ce sens, les enjeux demeurent de taille pour la Ville. Bien que les services de transport en commun aient été bonifiés au cours des dernières années, notamment avec la mise sur pied du service Citébus en 2011, le défi reste actuellement d’offrir et de diversifier l’offre multimodale à la collectivité rimouskoise, qui est hautement motorisée. C’est dans cette optique que le « cocktail transport » devrait être une option à proposer et à privilégier.
Miser sur le cocktail transport et proposer d’autres options intermodales
Le cocktail transport est une nouvelle conception de la mobilité qui favorise la multimodalité en combinant différents modes de déplacement. Le potentiel est grand pour les options de cocktail transport, car elles sont plus flexibles, plus diversifiées et plus adaptées aux besoins des usagers. Une multitude de combinaisons, incluant le covoiturage, le taxibus, l’autopartage, le citébus, le transport interurbain, le vélo, la marche et les services de livraison, pourraient être mises de l’avant à l’échelle urbaine, périurbaine et même rurale. Cela réduirait l’usage de l’automobile comme principal et unique mode de transport.
Le futur plan d’urbanisme devrait miser davantage sur ce concept afin de favoriser des déplacements plus efficaces, permettant du même coup de réduire les coûts collectifs et individuels reliés au transport, et d’améliorer la qualité de vie dans la ville. L’implantation d’un système d’autopartage comme Communauto ou d’un système de vélos en libre-service Bixi pourrait, par exemple, être envisagée. Le plan pourrait également faire la promotion du pédibus dans le milieu scolaire ou ouvrir le transport scolaire à un plus large public que les écoliers pour desservir des quartiers plus éloignés tels que Le Bic et Sainte-Blandine.
La multimodalité devient de plus en plus une composante de la durabilité des villes. La hausse du prix du pétrole, le manque d’espace de stationnement, les impacts sur la santé publique (accident, embonpoint, maladie cardiaque, bruit) ne sont que quelques exemples pour illustrer les travers du tout-à-l’auto. Il est impératif, dans l’esprit de bâtir une ville plus verte, plus active et plus en santé, que les autorités publiques aient en tête ces considérations. Certes, les projets urbains doivent tenter de répondre aux besoins des citadins, mais ils doivent aussi porter une vision de durabilité à long terme. C’est ce que le projet de plan d’urbanisme de la Ville de Rimouski semble vouloir faire. Il reste maintenant à voir comment ce plan se concrétisera, mais surtout, il reste à souhaiter que la population s’investisse et emboîte le pas à ce grand projet.
Pour poursuivre la réflexion, le site imaginerlequebecautrement.org illustre des expériences étrangères d’aménagement et de mobilité durable hautement inspirantes.