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Vers un capitalisme vert ou une société ou le vert est capital?

Par Julie Tremblay le 2012/06
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Vers un capitalisme vert ou une société ou le vert est capital?

Par Julie Tremblay le 2012/06
Les reporters Nord-Sud en compagnie d’un groupe de femmes de Manablanca.

Rio +20 vient de prendre fin. Notre séjour en Colombie dans le cadre du projet Reporters Nord-Sud aussi. Il y a un lien à faire entre cette rencontre internationale qualifiée de désastreuse et les conclusions de notre projet: c’est possible de consommer et de développer de façon plus responsable mais il faut d’abord le vouloir et il faut surtout que les gouvernements soient prêts à travailler en ce sens.

La pauvreté, la faim et les programmes sociaux diffèrent partout dans le monde, qu’on se trouve au Canada, en Colombie ou ailleurs. Rio +20 avait pour but, entre autres, de trouver les moyens de diminuer les écarts entre les populations du sud et du nord et d’ « humaniser» le développement économique. Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, ne s’y est toutefois pas présenté.

Dans un récent article du Devoir, la journaliste Marie-Hélène Alarie écrit ceci: « En 2050, le nombre de Terriens passera à 9 milliards… À ce rythme, il faudrait augmenter de 70 % la production agroalimentaire ». Comment y arriver? Selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, plus de la moitié de la nourriture disponible dans les pays riches finit à la poubelle. Éviter le gaspillage de cette nourriture permettrait déjà à bon nombre d’êtres humains de manger à leur faim.

Une agriculture locale, à dimension plus humaine, pourrait aussi permettre une meilleure répartition des denrées alimentaires et surtout, favoriser la sécurité alimentaire. Selon la Coalition souveraineté alimentaire Québec, nous produisions 80 % des denrées que nous consommions en 1985. De nos jours, ce pourcentage a considérablement chuté: le tiers de ce que nous mangeons est produit ici. Une crise du pétrole, une épidémie dans les grandes cultures industrielles ou encore un conflit entre les pays producteurs et les pays importateurs pourraient ainsi compromettre notre accès à la nourriture.

Lors d’un forum sur le capitalisme vert auquel nous avons participé à Bogotà, un participant a cité le poète espagnol Antonio Machado: « Celui qui confond la valeur et le prix est idiot ». La valeur de certaines choses n’a pas de prix. Selon l’essayiste René Lapierre, c’est la grande erreur du capitalisme qui, justement, a changé notre façon de voir les choses: « L’agriculteur, qu’on a persuadé de devenir producteur agricole et gestionnaire des sols, n’a pas seulement en deux ou trois décennies changé de lexique mais d’allégeance. Si, devant la nature ou devant ce qu’il en reste, il a accepté de se convertir à la langue de l’industrie et des corporations, c’est que celles-ci lui ont désappris à lire la terre en lui montrant à la gérer. » Gérer la terre, cela implique qu’on la contrôle. Est-ce vraiment le meilleur moyen pour assurer notre survie?

En terminant ce périple, plusieurs questions persistent. Est-ce que le capitalisme doit être vert ou si c’est plustôt le vert qui doit redevenir capital? Georges Perec disait de ses personnages dans Les Choses (1965): « Ils aimaient la richesse avant d’aimer la vie.» On peut se demander: est-ce notre cas à nous aussi?

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Le projet Reporters Nord-Sud de la consommation responsable est un projet du CIBLES, le Carrefour international pour l’engagement social, et a été rendu possible grâce à l’appui, entre autres, du Fond régional d’investissement jeunesse, des Offices internationaux du Québec pour les jeunes et de la Fondation Village Monde.

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