Champ libre

Capitalist Mania, Travelling Headcase

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Capitalist Mania, Travelling Headcase

Originaire de l’Abitibi, Stéphane Truchon, de son vrai nom, est un artiste d’exception et son plus récent disque, Capitalist Mania, est un véritable pied de nez à l’industrie musicale. Réalisé sans un sou, sérigraphié chez Mille Putois sur un sac à frites brun à seulement 200 exemplaires, on se demande si ces objets magnifiques n’ont pas tous été vendus le soir du lancement, en novembre. Après One Dead Indian (2007) et Nanton Alberta (2008), « Truch » nous arrive avec un album solide dont les ambiances sont à la fois planantes, à la fois « groundées ». Ce sont neuf courtes chansons folk, voix et guitare, auxquelles se greffent à tour de rôle bassine, bouzouki, mélodica, violoncelle, percussions et effets sonores. Le mélange de folk maison et d’effets studio n’est pas sans rappeler cette voie défrichée par CocoRosie ou même Tom Waits. Enregistré dans l’ancien studio-appartement de Vander, rue Ontario, à Montréal, les oreilles attentives pourront y discerner des bruits de camions ou de craquements du plancher. Tout cela ajoute à une proposition toute cohérente où le capitalisme est pointé du doigt, avec une longue citation de Karl Marx qui apparaît à l’envers du sac : « Capitalism production is hostile to art and poetry while exploitation is veiled by religious and political illusion. » Vibrants, la voix et les mots du Travelling Headcase résonnent dans les territoires qu’il explore, dont plusieurs font référence à ses voyages dans le Nord : Salluit, La Porte, One Dead Indian. Un album touchant d’authenticité.

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