Au lendemain du contestable mois de l’amour, le deuxième roman de Nadia Gosselin, L’amour n’est rien, contraste plaisamment avec les produits teintés de rouge et de rose en liquidation. Décidément ancrés dans un univers de contradictions, le deuil et l’amour coexistent dans ce livre paru en janvier 2012. Les premières pages, envahies de « ton sourire est un soleil », de « tu es ma star. Je suis la tienne » et de « galaxie d’étoiles dans les yeux », laissent entrevoir des personnages et des lieux vacants avarement décrits qui risquent de désappointer certains lecteurs. Quelques épisodes de lecture nous mènent toutefois rapidement à une lypémanie amoureuse qui donne un tout autre relief à l’œuvre. L’inquiétude et les bouleversements de la narratrice s’avèrent intrigants et palpables.
Le rythme rapide du roman, créé par une mise en page très aérée, s’entremêle aux réflexions furtives de l’amoureuse déchue et tourmentée. Au fil des écrits adressés à l’homme aimé et détesté, l’essence et la personnalité des différents protagonistes s’articulent et se construisent, tandis que les espoirs de la narratrice se renversent. Cette interpellation omniprésente, ce « vous » si absent, produit un effet d’intimité et de proximité efficace. En disharmonie avec la première partie du roman, la seconde est ponctuée de réflexions matures et esthétiques. Nonobstant un début lent et quelque peu désolent, Nadia Gosselin propose tout de même un texte savoureux, simple et touchant. Malgré la récurrence du thème, le roman fait un portrait brillant de l’amour et d’une femme vacillant entre la douleur et le bonheur.
Nadia Gosselin, L’amour n’est rien, Montréal, Les 400 coups, 2012.