Actualité

De sentier à autoroute

Par sebrioux le 2011/12
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De sentier à autoroute

Par sebrioux le 2011/12

L’humain a, depuis le début des temps, eu besoin de se déplacer, principalement pour se nourrir.  Depuis les toutes premières « trails », les toutes petites routes de terre, de bois, de briques ou de pierres, l’évolution des différents modes de transport a forcé la transformation des premiers sentiers. Malheureusement, le but de  l’expansion du réseau routier a été bien trop souvent dirigé par le désir du développement commercial au détriment de l’humain. En effet, que l’on demeure en ville ou à la campagne, le développement du système routier privilégie de loin l’utilisation de l’automobile et a fait passer en arrière-plan tous les autres moyens de transport, y compris la marche.

La « société de droits » dans laquelle nous vivons  donne le droit de se promener seul dans son véhicule,  de construire des infrastructures qui rapportent plus aux entrepreneurs et aux firmes d’ingénieurs qu’aux citoyens. Elle donne le droit d’exproprier le propriétaire d’une érablière pour y faire passer une autoroute, de faire circuler des milliers de camions pour le transport de la marchandise. Elle donne le droit de ne pas chercher plus loin que le bout de son nez pour le développement responsable du transport. En bout de ligne, c’est cette même société qui doit absorber les coûts inhérents reliés aux droits donnés, soient les coûts d’entretien et de réparation des routes, les coûts reliés aux transports des biens essentiels et aux problèmes de santé occasionnés par ces mêmes transports. D’ailleurs, selon Transport Canada, la pollution atmosphérique coûterait 1,3 G$/an au Québec, dont 97 % liés à la santé (2007).

Le mot « route » dérive du latin rupta, littéralement « voie brisée », c’est-à-dire creusée dans la roche, pour ouvrir le chemin.
Wikipedia


Le gouvernement du Québec pourrait s’asseoir avec les représentants de toutes les régions et élaborer une stratégie de réseau de transport à long terme. Cette stratégie  permettrait d’arrêter le travail par segments qui ne tient pas compte de  l’ensemble de la province et de nos voisins frontaliers. Les transports conventionnels fonctionnant aux hydrocarbures étant voués à disparaître, nous devons préparer le terrain dès maintenant. Une diversification des moyens de transport conçue dans la complémentarité permettrait une efficacité accrue de nos déplacements personnels et de marchandise.

Selon Transport Canada, en 2011, 70 % de la marchandise au Canada transite par le train, mais la majorité de celle-ci est destinée à l’exportation et à l’importation plutôt qu’à la  livraison inter-régionale. Le train est donc un moyen de transport sous-utilisé qui permet pourtant le transport de la marchandise dans les régions sans abîmer le réseau routier qui, ne nous le cachons pas, est en piètre état. Dans cette perspective, la  Suisse a entamé depuis quelques années une transition du transport de la marchandise de la route vers le chemin de fer. Leur politique de transport vise à exercer ce transfert lorsque cela est possible et judicieux. Bien souvent, il arrive qu’un camion de marchandise devant traverser la Suisse soit transféré sur un wagon pour être remis sur la route, une fois sorti du pays. Depuis 2010, la France et l’Espagne ont développé le transport par voie fluviale. Leur  « route de la mer » permettra à long terme de transporter[1] 100 000 poids lourds par année par bateau, diminuant ainsi les émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’usure des routes. Sans un plan stratégique responsable, le réseau routier québécois est voué à son expression la plus simple et à l’inefficacité. Avec le prolongement de l’autoroute 20 dans l’Est-du-Québec, le gouvernement se dirige vers  un cercle sans fin de réparations et d’entretien qui deviendra à long terme un gouffre financier pour les contribuables. Cet argent pourrait être investi dans les infrastructures actuelles plutôt que dans les nouvelles. Par ailleurs, dans un sondage du journal La Presse du 18 octobre dernier, 72 % des Québécois ont répondu oui à la question suivante : « Devrait-on cesser de construire de nouvelles autoroutes pour se concentrer sur la réfection des infrastructures existantes et les transports en commun? » L’Est-du-Québec aurait donc tout avantage à mettre de l’avant un plan de réduction du passage des camions lourds pour la marchandise et à transférer celle-ci aux réseaux ferroviaire et maritime. Cela permettrait entre autres de libérer les routes déjà existantes et d’en faciliter leur entretien et leur amélioration.

Aux États-Unis, le coût annuel relié aux mauvais états
des routes est de 400 $ par automobiliste.
American Association of State Highway and Transportation Officials


Le progrès ne devrait pas viser le fait de faciliter l’usage de l’automobile et d’en augmenter son utilisation. Avec les nouvelles technologies souvent sous-utilisées, c’est vers une toute nouvelle vision du transport que nous devons nous tourner : sa diversification. L’idée du monorail suspendu Trens-Québec (Transport Rapide Électrique National Suspendu) est un très bel exemple d’un projet élaboré en symbiose avec l’environnement. Plusieurs inventeurs, ingénieurs et innovateurs de qualité ne demandent qu’à participer au développement responsable du Québec. Il est grand temps de sortir de l’idée simpliste d’une même route pour tout transport, tel que nous la développons présentement.


[1] Ushuaïa, La terre et nous

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