Champ libre

La fluide poésie du mal de vivre

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La fluide poésie du mal de vivre

Camille Deslauriers, nouvellement professeure en création littéraire à l’UQAR, nous offre son dernier livre, publié aux éditions L’Instant même, au mois d’août dernier. Eaux troubles se divise comme des parenthèses dans la vie d’adolescents gravitant autour de la même école privée, « cet enfer de gosses de riches ».

Ce recueil de nouvelles brosse le portrait de jeunes hantés par un certain mal de vivre, tous, sans trop le savoir, baignés dans une inexorable solitude. On entre dans l’intimité des personnages, jusqu’à leurs frustrations, leurs peurs, leurs fantasmes. Ce sont des thèmes que l’on connaît tous très bien, si ce n’est par cœur, mais ils y sont abordés avec une poésie envoûtante qui multiplie les images. L’auteur arrive ainsi à éviter les pièges des lieux communs de l’adolescence : révolte et désirs de violence côtoient réflexions sur la poésie et envolées sur la musique. Même une triste histoire d’avortement, abordée dans les décors oniriques de Magritte et de Dali, prend par surprise : « Le jour deviendrait la nuit, le lac serait le firmament, l’enfance reprendrait sa place dans un chapeau melon, entre foulard, dame de pique et lapin. Un médecin sans visage avec une pomme sur la tête affirmerait ceci n’est pas un test de grossesse, c’est une ligne d’horizon encastrée dans une fenêtre beaucoup trop étroite. »

Eaux troubles se lit avec la même sensibilité vivante que nous partage Camille Deslauriers dans ses nouvelles, pour retourner sous les cieux météorologiquement changeants de l’adolescence.

Camille Deslauriers, Eaux troubles, L’instant même, 2011, 106 p.

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