
Indignées par la perspective imminente d’une invasion soutenue par leurs dirigeants provinciaux et fédéraux, quelque 300 personnes ont participé, le samedi 22 octobre, à la Marche pour la protection du golfe du Saint-Laurent, organisée par la communauté mi’gmag de Gesgapegiag et la Coalition Saint-Laurent. L’événement a rassemblé plusieurs chefs des Premières Nations, ainsi que des participants autochtones, métis et non autochtones de différentes régions du Québec. La coalition Save Our Seas and Shores, des provinces maritimes, y avait délégué des représentants, dont la co-fondatrice Mary Gorman. Le député NPD Gaspésie-Les Îles, Philip Toone, ainsi que d’autres officiels étaient présents à ce grand rassemblement pacifique, toutes nations réunies, pour demander solidairement un moratoire intégral pour l’ensemble du Golfe.
Par la voix de leurs leaders, les participants au front commun se sont adressés au gouvernement fédéral pour demander au ministre de l’Environnement une réelle commission d’examen sur le projet d’exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent. Cette quasi-mer intérieure, vitale pour les communautés riveraines, doit être préservée intégralement plutôt que morcelée par des frontières administratives ou divisée en zones plus ou moins sensibles à une industrie lourde. Déjà Terre-Neuve-et-Labrador veut autoriser un premier forage en 2012 sur sa partie du gisement Old Harry via son office des hydrocarbures extracôtiers.
Le gouvernement du Québec, qui a un préjugé favorable pour le développement d’une industrie gazière et pétrolière en haute mer et qui a récemment obtenu une entente administrative avec le gouvernement fédéral, s’apprête à lever le moratoire en vigueur sur son territoire ; ce palier de gouvernement est lui aussi sollicité pour maintenir et favoriser un débat ouvert tenant compte du caractère interprovincial des enjeux. Les consultations sur l’Évaluation environnementale stratégique qui se déroulent actuellement inquiètent l’ensemble des protecteurs du Golfe, tant au Québec que dans les Maritimes. Le manque flagrant de connaissances sur cet écosystème, la précipitation des promoteurs et la complaisance des gouvernements justifient selon eux un moratoire intégral. Il s’agit de permettre à l’ensemble des communautés de cinq provinces du Golfe de participer à la décision de le protéger ou non, en tenant compte de leurs propres intérêts. Il s’agit d’un bassin commun dont elles tirent avantage depuis des centaines d’années et dont l’intégrité et la durabilité sont déjà fort menacées.
Les coalitions québécoises et maritimes viennent de s’enrichir, samedi dernier, d’un chaînon majeur dans la lutte pour le respect de la mer nourricière : le chaînon ferme, solidaire et durable des communautés autochtones qui ont été les premiers utilisateurs et protecteurs du golfe du Saint-Laurent.