Omission d’enquête pudique
Hommage à Jean Charest. Cet homme mérite qu’on reconnaisse publiquement son incommensurable talent pour réussir à rater tout ce qu’il entreprend. Après deux ans et demi de pressions de toutes parts pour qu’il institue une commission d’enquête publique sur l’industrie de la construction, voilà qu’il s’est finalement décidé, en réussissant, encore une fois, à faire l’unanimité contre lui. Juristes, ingénieurs, policiers et l’ensemble de la société civile. Rendons donc à Jean César ce qui lui revient : il n’y en a pas de meilleur que lui pour se planter.
Une commission d’enquête qui ne contraint personne à aller témoigner… Si ça vous tente, vous venez, mais sentez vous bien à l’aise.
Ça me rappelle un 2 minutes du peuple, de François Pérusse, où un policier qui prend des voleurs sur le fait leur demande : « Venez-vous au poste avec nous tout de suite ou vous allez venir nous rejoindre plus tard ? »
Une commission d’enquête publique qui ne donne pas l’immunité à ceux qui y témoignent… C’est comme on vous dit, vous venez si vous voulez, mais si vous venez, tout ce que vous dites pourra servir à vous incriminer !
Quand j’étais à la petite école, les plus malcommodes s’assoyaient derrière. Je m’en souviens très bien, car, année après année, j’étais toujours assis près d’eux. J’imagine, à rebours, la maîtresse d’école dire à l’un ou l’autre de ces malcommodes :
— Toi, mon grand tannant, viens-t-en avant, dans le coin ! En tout cas… si tu veux bien… Ah, t’aimes mieux rester là ? C’est correct, tu as le droit.
— As-tu quelque chose à me dire sur ton comportement ? N’oublies pas que je peux t’envoyer chez la sœur directrice et te punir si…
— Non ? C’est bien ce que je pensais. Merci. Ce soir, tu as congé de devoirs, congé de leçons.
— Bon, les enfants, on continue, prenez votre livre d’Histoire du Canada. Jean, lis le bout sur Dollard des Ormeaux qui se lance un baril de poudre sur lui-même…
Bon, c’était prévisible… Entre le moment où j’ai entrepris l’écriture de cette chronique et sa livraison, Jean Charest a refait sa danse : un demi-tour à gauche, un demi-tour à droite, un pas en avant, deux pas en arrière, changez d’bord, vous vous êtes trompés. Au moment où, réunis en congrès, les délégués libéraux allaient lui mettre le bonnet d’âne, Gros Jean comme de vent a décidé que, finalement, la juge Charbonneau pourra, si elle veut, contraindre des gens à témoigner. « Elle n’aura qu’à me demander ce qu’elle veut avoir comme pouvoirs et je lui donnerai », qu’il a dit.
Puis, parti sur son air, celui dont nous sommes affublés comme premier ministre – long soupir ! – a ensuite envoyé paître sa ministre de l’Éducation et son projet de couper les vivres aux commissions scolaires.
Il y a quelques années, JBEM dessinait, dans ce journal, un mouton noir qui disait : Si le ridicule tuait, qui nous gouvernerait ? Qu’est-ce qu’il était visionnaire !
Urbanisme
J’avoue, il ne m’est pas arrivé souvent d’aller quelque part à reculons, en me cherchant une raison pour quitter vers les 21 h, surtout après qu’on ait dit que la réunion allait durer 2 h 30, puis, de me retrouver 15 min plus tard, assis sur le bout de mon siège, aussi éberlué qu’intéressé.
Croyez-le ou non, cette histoire se passe à l’Hôtel de Ville de Rimouski, le soir de la présentation du nouveau plan d’urbanisme de la Ville de Rimouski. Quoi, quoi, quoi ? Ma ville oserait enfin réparer l’affront que lui ont fait les marchands qui la dirigeaient bêtement dans les années 60, en remblayant la baie de Rimouski, éliminant de fait ce qui était une plage en plein centre de la ville pour y construire en lieu et place une cicatrice en asphalte nommée boulevard René-Lepage et un cercueil en brique brune sans fenêtre appelé La Grande Place.
Je me suis pincé et non, je ne rêve pas ; le nouveau plan d’urbanisme de Rimouski prévoit bel et bien la conversion du boulevard dans sa forme actuelle en boulevard urbain, manière boulevard Champlain, à Québec, en transformant au moins l’équivalent d’une voie réservée aux voitures en espace piétonnier et/ou cyclable pour la Promenade de la mer, qui deviendrait ainsi un véritable parc linéaire. Et, ajoutons-en : la Place des anciens combattants passerait de stationnement en véritable parc public.
Et une partie de La Grande Place deviendra bientôt le complexe culturel du Paradis…
À force de rêver un impossible rêve…
Sport et politique
Les supputations vont bon train : qui, de Pauline Marois ou de Jacques Martin perdra son poste en premier ? Je précise que j’écris ces lignes le 26 octobre, parce qu’il y a des chances qu’au moment où vous lisiez ces lignes, ces deux mal-aimés soient déjà en train de remplir leurs premières cartes de chômage. J’y vais de mes prédictions : côté PQ, plongeront dans la course Gilles Duceppe et Bernard Drainville. Peut-être aussi Agnès Maltais. Et peut-être aussi Pierre Curzi, qui, lui, aura autant de chances de devenir chef que n’importe qui d’autre ne sera pas candidat. Côté Sainte-Flanelle : quiconque est à la recherche d’une job de deux ans maximum…