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Chronique contemporaine de morsures à vif – septembre-octobre 2011

Par Jacques Bérubé le 2011/09
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Chronique contemporaine de morsures à vif – septembre-octobre 2011

Par Jacques Bérubé le 2011/09

Géographie

Dans la série Je ne vois pas plus loin que le bout de mon pont, rendons hommage au grand insignifiant de Jean-Nicolas Verreault qui, à l’émission de Pénélope McQuade, a parlé du Chemin du Roy comme du « prolongement de la rue Sherbrooke ». Et la Gaspésie, mon blond, c’est Montréal-sur-Mer, prolongement du Vieux-Port ?

Sport et famille

L’Océanic s’implique pour le repeuplement des familles. En effet, le directeur de l’Océanic l’a dit sur les ondes de Radio-Canada : « Vous êtes deux adultes et vous assistez à un match de hockey, alors, vous avez droit à deux enfants gratuits. »

À 34 parties locales par année, ça ne sera pas très long que l’on verra à nouveau de belles grandes familles réunies autour d’une table de 20 pieds de long, attendant que la maman ou le papa serve le bon baloney braisé qui fait des petits chapeaux et une bonne pelletée de pétates pilées bien chaudes.

Merci L’Océanic ! Et bonne saison.

Feu

La vieille sale de faucheuse s’est fait aller le grand manteau noir cet été. Le plus médiatisé des décès a bien sûr été celui de Jack Layton, que tout le monde aimait, bien que, somme toute, il n’ait pas eu le temps de faire grand-chose de bien concret en politique, sinon d’amener son parti au statut d’opposition officielle. Mais son charisme, sa simplicité et ses convictions environnementales et humanistes faisaient de lui un personnage à part dans le paysage politique canadien. Lui parti, on dirait que tout ce qu’il y a de réactionnaire et de morne chez ceux qui sont au pouvoir pour encore longtemps nous revient en pleine gueule en deux fois plus gros.

En plus, le décès de Jack, comme tout le monde l’appelait, est survenu quelques jours après celui d’un autre grand défenseur des démunis, l’auteur et journaliste Gil Courtemanche. Sa plume décapante, mais combien pertinente, nous manquera. Cet extrait de sa dernière chronique dans Le Devoir, qui portait sur la crise au PQ, est éloquente : « Ce n’est ni le chef, ni ses méthodes qui expliquent cette déroute et ce désarroi, c’est une nouvelle société québécoise qui émerge et qui ressent un besoin avide de sortir des anciens cadres fermés et absolus, des anciennes formules dogmatiques, une société encore prête à se mobiliser pour des rêves, mais pour des rêves plus immédiats. Appelons cela la fatigue du rêve. »

J’ai aussi appris, six mois après le fait, le décès d’un ami journaliste, François Forest, qui avait collaboré de façon étroite au Mouton NOIR dans ses premières années. Il a signé d’excellents articles et une chronique d’opinion, et c’est lui qui avait pensé à regrouper les textes de nos « correspondants en région » de l’époque dans les deux pages centrales, sous le titre LE PRÉ. Salut, François.

Mais la perte qui m’a le plus tordu le cœur, c’est celle de celui que j’appelais mon ti-rat et qui m’appelait mon ti-nour, Jean Albert. Je l’avais connu quand, tous deux trop jeunes, nous avions essayé en vain de rentrer au cinéma Auditorium pour voir rien de moins qu’Orange mécanique, de Stanley Kubrick, l’année même de sa sortie. Ça fait un bail et deux.

On a passé beaucoup de temps ensemble, liés par les amis, la photographie et la musique. On ne se voyait plus souvent, Jean et moi, occupé qu’il était à être amoureux et heureux avec Claudie, mais quand ça arrivait, c’était chaque fois une petite fête, car on avait atteint ce niveau où tout revient immédiatement à la surface, peu importe le temps ou la distance.

De tous les beaux souvenirs qu’il m’a laissés, il y a cette très drôle histoire qui date d’une époque où il nous arrivait parfois de rentrer chez nous en état, disons, de party. Jean était arrivé chez lui dans ce dit état, du temps où il vivait toujours chez ses parents, et il avait écouté l’album Apostrophe, de Frank Zappa, pour qui nous avions une passion commune. Dans la chanson Cosmic Debris, une voix de femme lance : « BUT I GOT A KRISTL BOL ». Jean, assis bien relax dans le sous-sol, entend plutôt : « HEY TOI MON CRISS D’ALBERT ! ». Vous pensez bien qu’après qu’il m’a raconté cette histoire, c’est ce que je me suis mis à entendre – et à répéter – chaque fois que j’entends cette chanson…

Alors voilà, Jean a vraiment bien fait son affaire avec moi : il y a maintenant un chef-d’œuvre de Kubrick et une toune de Zappa qui vont à jamais me le rappeler.

Je ne ressasserai pas les vieux proverbes à la sauce ce sont les meilleurs qui partent en premier, mais, quand sort de notre vie quelqu’un comme Jean, chez qui le rire et le sourire étaient permanents, on comprend que, désormais, la vie sera un tout petit peu plus plate. Salut, mon ti-rat.

Médias

La radio de la SRC renoue avec l’excellence en confiant l’émission du matin à la charmante, l’intelligente et surtout la supraintéressante Catherine Perrin. Et gardons aussi le chapeau en l’air pour l’allumé Bruno St-Pierre, qui, à la barre d’Info-réveil, fait un sacré bon boulot.


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