Culture

Jours 3 et 4 – L’euphorie continue

Par Sarah Charland-Faucher le 2011/02
Culture

Jours 3 et 4 – L’euphorie continue

Par Sarah Charland-Faucher le 2011/02

Difficile de croire que nous avons déjà vécu la moitié de cette aventure intense. Heureusement que les journées sont chargées, cela nous permet de vivre trois jours en un. Entre les centaines de kiosques, la tente des migrants, des habitants, les tentes thématiques de différentes nations de monde, le campement jeunesse, le campement des groupements africains qui ne sont pas tous logés dans les hôtels comme plusieurs autres participants de l’Amérique et de l’Europe, on ne sait pas toujours où tirer de la tête. On passe souvent plus de temps à chercher les ateliers et les conférences auxquels on veut participer que dans les salles en soi. On veut profiter au maximum de ce rassemblement vraiment extraordinaire et pourtant, on se sent souvent comme des poules pas de tête qui veulent tout voir et tout faire, mais qui n’y arrivent inévitablement pas.

C’est tellement impressionnant de voir autant de pays réunis, autant de pays africains qui partagent leurs préoccupations et leurs problématiques très similaires (pillage des ressources, spéculation foncière et immobilière, manque d’accès à l’eau, à l’électricité, au logement, à la terre…) dans un continent pourtant si hétérogènes. Aujourd’hui, nous avons eu droit à une conférence traduite en bambara, wolof, moré-djula, espagnol, anglais et français. Les nombreuses femmes présentes nous ont vraiment inspirées par leur franc parlé et leur assurance lorsqu’elles se lançaient au micro devant tous ses étrangers et ses hommes pour parler des problèmes auxquels elles font face, dont de leur incapacité à accéder à la propriété et au crédit (due au droit coutumier ou à l’absence de ressources).

La journée d’hier a permis d’aborder la question de la coopération internationale. À quoi sert-elle? À qui sert-elle? Pourquoi doit-on donner cette aide? Les échanges ont été stimulants et l’alimentation du débat par les réflexions critiques des panellistes africains nous donne envie de revenir sur le sujet plus en profondeur dans un prochain article à paraître dans la version papier du Mouton NOIR. Toutefois, ce que nous pouvons d’ores et déjà mentionner à titre d’exposé provocateur, c’est que si le Mali pouvait percevoir que 40 % de redevances sur la mine canadienne qui exploite son or, il n’aurait plus besoin d’aide internationale pour se « développer ».

Quelle est notre responsabilité face à tout cela?

La dépendance des pays africains à l’aide internationale demeurera tant que ceux-ci ne pourront contrôler et transformer une bonne partie de leurs ressources.  C’est très limpide dans leur discours et leur critique.

Un dernier mot sur la musique, celle qui fait lever les jeunes par centaine pour crier leur colère et leur joie. Elle qui nous réveille, nous stimule, nous remplit le cœur, nous rassemble, nous sensibilise. Le reggae et le rap sénégalais ont été à l’honneur depuis les trois derniers soirs de concert en bord de mer sur le campus universitaire. Des mots qui frappent fort dans la conscience des jeunes présents beaucoup plus que toutes les conférences qu’ils auraient pu écouter dans la journée, c’est cette musique qui alimente une grande partie de la jeunesse dans son indignation et son envie de changement, ça crève les yeux depuis trois soirs.
_________

Notes :

1. Les coupures de courant  sont quotidiennes au Sénégal à cause (entre autres) des centrales électriques désuètes. Cela nous empêche, faute d’internet, d’écrire sur le blogue aussi souvent qu’on voudrait et d’y mettre des vidéos et photos.

2. Si vous souhaitez voir  des capsules vidéos sur nous et le Forum, visitez le site de goodnesstv.org. Vous pouvez aussi lire Sarah et la délégation d’Alternatives sur le site de Parole Citoyenne.

Partager l'article

Voir l'article précédent

L’organisation dans le chaos

Voir l'article suivant

Demain, il fera jour!