Les signes d’une renaissance rurale sont visibles un peu partout dans le monde rural québécois. Cette renaissance rurale contribuant à la viabilité économique de ces milieux repose souvent sur la culture qui ainsi est au rendez-vous de plusieurs activités dans le secteur agroalimentaire et forestier lorsque des savoir-faire traditionnels sont remis au goût du jour pour mettre en marché une gamme de produits de spécialité qui trouvent leur place dans la filière touristique. On découvre ces productions grâce à un certain nombre de circuits touristiques gastronomiques en milieu rural souvent désignés comme des « routes des saveurs ».
La culture rurale, c’est aussi un riche patrimoine architectural qui s’est exprimé autant dans la modeste demeure paysanne que dans les bâtiments plus flamboyants des églises, des gares ferroviaires, des auberges et autres monuments du genre. Après l’abandon de leur usage premier, le recyclage de ces édifices se fait souvent par des groupes qui y installent un centre culturel, un théâtre, un centre d’art, un musée, etc. À plusieurs endroits, une « halte culturelle » est née de la restauration d’un bâtiment patrimonial devenu une maison de la culture. La mise en valeur des granges octogonales, une particularité patrimoniale de notre architecture rurale, permet parfois de créer des centres de formation ou des lieux de diffusion ayant une envergure internationale.
La restauration du patrimoine rural bâti (ainsi que le patrimoine immatériel) peut prendre la forme de la revalorisation, avec un centre d’interprétation, d’un savoir-faire ou d’une activité, tout en devenant un attrait touristique majeur de la région. Les nombreux gîtes touristiques, qui se sont multipliés au Québec depuis quelques décennies, sont souvent un projet de semi-retraite d’un couple urbain qui découvre une belle maison rurale dont la rénovation sauve ainsi de la démolition et de la détérioration irréversible. La Fondation Rues principales s’est intéressée à ces rues concentrant les commerces et les services dans nos villages. Les propriétaires de ces petits établissements sont mobilisés pour mettre en œuvre des projets fort réussis de revitalisation de ces rues commerçantes de nos petits centres ruraux.
Le réseau des économusées québécois s’est donné pour mission de mettre en valeur et de perpétuer les métiers et les savoir-faire inspirés de plusieurs traditions (papier, tissage, boulangerie, forge, miel, verre, savonnerie, etc.). Des artisans accueillent les visiteurs dans leur atelier de production où ils sont invités à découvrir leurs collections d’objets actuels et d’artefacts traditionnels, leur centre de documentation et d’interprétation ainsi que leur boutique. En alliant culture par la diffusion de métiers traditionnels, éducation par la transmission des savoir-faire et économie par le soutien d’entreprises artisanales, ces économusées agissent au service de la diversité culturelle en région, du patrimoine vivant et du développement durable. Le réseau québécois Villes et villages d’art et de patrimoine (VVAP), de son côté, fait la promotion des ressources culturelles du milieu dans une optique de développement culturel territorial et vise également la création d’emplois spécialisés dans le domaine culturel.
La vitalité des milieux ruraux s’exprime aussi par la tenue de nombreux festivals tout au cours de l’année. Certains sont autant de fêtes communautaires permettant de célébrer un aspect de la vie locale alors que d’autres deviennent des événements touristiques très populaires ayant des impacts économiques significatifs en termes d’emplois et de retombées pour les économies locales. Par exemple, le Festival western de Saint-Tite ou le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul sont des événements aux retombées importantes pour ces régions. Quand un jeune conteur de récits traditionnels comme Fred Pellerin devient une vedette médiatique et un acteur majeur de la vitalité de son village, Saint-Élie-de-Caxton, bien des projets a priori utopiques peuvent devenir des réalités.
Les néo-ruraux sont souvent actifs dans ces initiatives au cœur de cette renaissance rurale. Leur insertion dans ces milieux en est facilitée, car les habitants peuvent apprécier leur contribution à la revitalisation des communautés rurales. Ces entreprises culturelles s’organisent selon une grande variété de modèles, allant du travail autonome à la mise en place d’entreprises collectives selon des modèles coopératifs ou d’économie sociale, ou même de partenariats publics-privés : des outils de mise en valeur de ce patrimoine rural existent maintenant avec un organisme comme Ruralys. La diversification économique du monde rural passe aussi par les opportunités de création d’emplois que permettent l’arrivée des nouvelles technologies de communication et de nombreuses initiatives concernant le maintien des services de proximité publics ou privés. Signe d’un changement majeur, on voit maintenant des MRC se donner une véritable politique de développement culturel.